« À bord, on n’a jamais un rythme identique. Ce n’est pas comme sur un bateau de commerce, un cargo ou une course en équipage où tu as un quart à prendre à heure fixe. En course, il faut s’habituer à ce que tout change, en permanence. Tu peux dormir plus la journée, jamais la nuit et inversement. Finalement, nous avons tous des cycles de 12 heures environ. Mais la règle, c’est qu’il n’y en a pas : avoir un rythme identique en permanence, sans s’adapter, ça peut être très dangereux. » – Jérémie Beyou
6 Heures / 18 Heures : Recevoir les fichiers météos
« C’est ce qui donne le tempo de la journée. On reçoit les fichiers américains à 6 heures et les fichiers européens à 18 heures. Avec le fait de consulter les classements dès qu’on les a disposition, ça donne le tempo pour les heures qui suivent. La mécanique est toujours identique : analyse, adaptation et, le cas échéant, nouvelles manœuvres et empannages en perspective. »
7 Heures / 19 Heures : Assurer les manœuvres
« Si les fichiers météos, le classement et les conditions l’obligent, place aux manœuvres et/ou aux empannages. Là, c’est branle-bas de combat. Du début jusqu’au rangement et au matossage nécessaire, cela peut prendre une demi-heure. Il faut veiller à ne pas se blesser, à ne rien oublier. Ça peut être un effort très violent musculairement, surtout lorsqu’on doit enchaîner les manœuvres ! »
8 Heures / 20 Heures : Bien se restaurer
« À l’issue d’une manœuvre ou d’un empannage où j’ai beaucoup transpiré, je me change. Ensuite, c’est important de bien se restaurer. J’essaie d’y consacrer du temps pour veiller à la qualité, à l’assaisonnement et pour que ça soit un moment de plaisir. Par ailleurs, il y a toujours des petits ‘snack’ et mes éternelles nouilles chinoises ».
11 Heures : Répondre aux sollicitations médiatiques
« En général, il y a toujours un temps dédié aux médias en fin de matinée, que ce soit via l’organisation de la course (ce qu’on appelle les vacations) ou en répondant à des journalistes directement. L’idée, c’est de faire vivre la course au plus près, d’expliquer notre progression et ce qu’on ressent. Et ce n’est pas toujours simple ! (rires). C’est comme si on demandait à un marathonien de répondre à des questions en pleine course ! »
15 Heures / 23 Heures : Veiller à bien se reposer
« Le sommeil est déterminant pour tenir et avoir l’influx nécessaire jusqu’au bout. Les siestes sont calées en fonction des conditions. Avec l’expérience, je n’attends plus d’être dans un état de fatigue extrême pour m’allonger. Ma chance, c’est de toujours réussir à avoir un sommeil réparateur en course. »
17 Heures / 2 Heures : Savoir économiser ces forces
« Il y a des journées où le rythme est plus saccadé et intense. Mais la course au large, c’est aussi un sport d’attente. Il faut veiller à bien gérer ces temps faibles, à se préserver pour être le plus à même de réagir dès qu’il le faut. J’écoute aussi de la musique, des podcasts et je mets parfois des vidéos en fond sonore pour couvrir les sifflements du bateau et contribuer à être le plus détendu possible. »