Des choix architecturaux innovants
La carène : « Le principe des foils ayant été validé sur le dernier Vendée Globe, la première question était de savoir s’il fallait aller chercher encore plus de puissance à travers les foils ou s’il valait mieux en garder un peu sur la carène », résume Jérémie Beyou. Pierre-François Dargnies, Directeur Technique du Team Charal, en première ligne dans cette phase de conception avec Philippe Legros, Nicolas Andrieu et Héloïse Baizé (dernière venue au sein du bureau d’études), ajoute : « Maintenant que la pratique a confirmé que les foils fonctionnent à l’échelle d’un tour du monde, on a beaucoup à gagner en construisant le bateau autour des appendices, on peut se permettre de prendre plus de risques au niveau de la forme de la carène. » Le cabinet VPLP, avec le crayon de Daniele Capua, a proposé neuf plans de carène, tous testés en bassin numérique, il a ensuite fallu trancher. Le résultat ? « Le dernier Vendée Globe nous a permis de tirer les enseignements nécessaires pour faire évoluer la carène et gagner en performance. Nous aurons une carène plus adaptée au fonctionnement sous foils », répond Jérémie Beyou.
Le pont : Autre dossier à trancher rapidement avant le lancement de la construction, celui du plan de pont, notamment du positionnement des foils, du pied de mât, des étais, haubans et cadènes, autant d’éléments dépendant en grande partie du plan de voilure. D’où des échanges intensifs avec North Sails. « Nous avons mandaté une étude auprès d’eux pour essayer différentes configurations de voiles, ce qui nous a permis de définir ces positionnements, explique Jérémie Beyou. On est sur un mât standard, mais on a un peu de liberté sur sa position en longitudinal et sur celle des étais. Philippe Legros, Responsable de la performance, est en charge de ce dossier au sein de l’équipe. »
Le cockpit : L’expérience de Jérémie Beyou sur le précédent Vendée Globe a bien sûr été déterminante pour dessiner le cockpit. « Nous avons fait une maquette dans notre hangar à l’échelle 1 pour modéliser le cockpit, afin de le mettre à ma main et à mon gabarit, de définir les positions de barre, de veille et de manœuvres, mais aussi tous les angles de visualisation des voiles via les hublots et la meilleure façon de gérer le matossage des voiles… Nous avons fait un paquet de versions, l’atelier menuiserie a fonctionné à plein régime ! Le but était que ce soit facile et léger, parce que nous avons un (gros) objectif de poids du fait que le bateau est un foiler et qu’on ne veut pas prendre de risques sur la structure. » Et Pierre-François Dargnies d’ajouter : « Nous avons cherché à optimiser le rapport centre de gravité versus stabilité du bateau et facilité de matossage dans le cockpit. Les études menées par Nicolas Andrieu et Guillaume Dupont (VPLP) aboutissent à une forme originale, loin de tous les cockpits vus sur les six bateaux de la génération précédente. »
Un agenda respecté
« C’est important pour moi et pour Charal d’avoir le bateau pour la prochaine Route du Rhum, parce que nous sommes convaincus qu’il faut naviguer au maximum et que la Route du Rhum va nous donner plein d’enseignements », explique Jérémie Beyou. Fort de ce postulat nécessitant de mettre à l’eau le 60 pieds à l’été 2018, le Team Charal a anticipé au maximum avec les nombreux intervenants et sous-traitants qui travaillent sur le monocoque, afin que les timings soient respectés. Ce qui est aujourd’hui le cas. « La construction du moule de coque a débuté le 19 juillet chez SRG en Espagne, celle du moule de pont le 14 août chez Green Marine à Southampton. La quille a été commandée chez AMPM, le mât chez Lorima, sa fabrication commence début septembre », détaille Pierre-François Dargnies. A partir de septembre, le bureau d’études en relation avec VPLP et GURIT, qui s’occupe de la structure, va se concentrer principalement sur deux dossiers : l’aménagement intérieur, avec notamment le positionnement des cloisons, et la forme des foils (dont la construction débutera en janvier 2018 chez un prestataire qui n’a pas encore été choisi), même si le sujet a déjà été défriché. « Nous avons une première idée de ce que peut être notre version 1, nous nous reposons aussi sur nos bons acquis avec le travail fait avant le Vendée Globe avec le Néo-Zélandais Nick Holroyd qui nous avait fait une super paire de foils. Avec l’expérience de VPLP (auquel s’ajoute l’hydrodynamicien Giorgio Provinciali) et la nôtre, nous espérons faire les foils les plus optimisés possibles. », poursuit le Directeur Technique de l’équipe.
« Tout est dans les clous », se réjouit Jérémie Beyou, qui alterne visites au bureau et préparation de la Volvo Ocean Race avec Dongfeng Race Team : « Nous sommes sereins : le calendrier est tenu, la qualité et l’ambiance de travail sont très bonnes. Je sens un grand enthousiasme au sein de l’équipe autour de ce projet fédérateur qui mobilise beaucoup de compétences et d’énergie. Je sens de l’impatience aussi, car nous avons envie de voir ce bateau prendre forme. Et, j’en suis sûr, nous serons tous très fiers du résultat final. »