Ca, c’est fait ! Jérémie Beyou et Charal sont qualifiés pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Lundi, le skipper et son IMOCA60 ont bouclé une première navigation de 1200 milles, validée par la direction de course. Prochaine échéance : le Défi Azimut, première expérience de course pour ce nouveau tandem.
Avec une régularité métronométrique, Jérémie Beyou et Charal effacent, dans les temps, les étapes qui jalonnent la route qui mène au Rhum. De la mise à l’eau à la qualification, en passant par les tests de jauge, Charal Sailing Team est dans le timing fixé depuis des mois, sans accuser le moindre retard.
Jeudi dernier, Jérémie est parti à l’assaut de l’épreuve de qualification demandée par l’organisation de course. L’objectif : s’assurer que le bateau et l’homme fassent corps sur un parcours de 1200 milles, avec une session obligatoire de près. Pour Jérémie, ce fut aussi l’occasion d’entamer une relation de confiance avec son bateau… « C’était ma première navigation en solitaire, car pour toutes nos navigations précédentes, nous étions jusqu’à dix à bord, entre l’équipe technique, la cellule performance et les navigants. J’ai vraiment apprécié ce moment seul sur mon bateau. »
Rien d’étonnant à ce que le skipper Charal apprécie ce premier moment en solitaire, puisque c’est dans cette optique que le foiler a été façonné et pensé. Et, durant les quatre jours qu’a duré la qualification, le skipper a pu commencer à prendre ses marques. « Le protocole des manœuvres n’est pas différent de ceux que j’avais l’habitude de faire sur mes anciens IMOCA. A la conception de l’IMOCA Charal, on a bien entendu cherché à innover fort, mais on a aussi gardé des constantes qui marchaient bien : l’organisation de l’électronique, la vie à bord et mes routines de manœuvre. Il y a bien quelques menues différences, mais c’est à la marge ».
Jérémie a aussi pris le temps de décomposer les mouvements, dans des conditions qui auront finalement été assez souples, pour ne pas dire molles, notamment lors des dernières heures. « Il n’était pas nécessaire de précipiter les actions. Alors j’ai décomposé mes manœuvres, un peu comme on le fait pendant le Vendée Globe, quand on sait qu’on a peu à gagner à aller vite, mais beaucoup à perdre si jamais on rate une manœuvre ».
Pas si loin, au près
Cela n’allait pas beaucoup plus vite sur l’eau, et tant mieux puisque le but était de valider la qualification, pas de tester le bateau dans des conditions tranchantes. Parti dans un petit temps médium, Charal s’est ensuite frotté à des conditions plus toniques sur un bord de portant dans 17 nœuds de vent sur une mer plutôt plate. Puis, avant de revenir paisiblement à Lorient, Jérémie Beyou est allé chercher des conditions de près plus musclées pendant une dizaine d’heures dans du vent monté à 23 nœuds et dans une mer légèrement formée. Où il a trouvé une bonne et heureuse surprise…
« Forcément, quand on conçoit un IMOCA à foils pour être performant sur le Vendée Globe, on ne met pas l’accent sur les performances au près, puisque la puissance vient des foils et qu’on n’a pas de dérives droites pour maintenir le bateau. Et, pour être sincère, les projections que nous donnaient les VPP (Velocity Prediction Program) sur les performances face au vent étaient assez décevantes. Mais j’ai été très agréablement surpris de ce que mon bateau est capable de faire dans ces allures : ses performances sont très correctes, il ne dérape pas et, même si je serai moins performant dans cette allure que les bateaux qui ont plus de puissance, mes vitesses sont tout à fait acceptables ».
Défi Azimut, première ligne de départ
Vendredi 21 septembre, Jérémie Beyou prendra le départ du Défi Azimut, qui réunira autour de Lorient une large partie de la flotte des IMOCA60 engagés sur la Route du Rhum. Deux temps forts marquent le rendez-vous : une épreuve en solitaire de 24 heures, entre vendredi après-midi et samedi, puis un run de vitesse et le tour de l’île de Groix dimanche. L’occasion de passer pour la première fois en configuration course. « Mes ambitions restent simples, pour l’instant. Je veux faire le parcours complet en incluant la tactique, la stratégie et la gestion de la météo. Mais clairement, je ne peux pas ambitionner rivaliser pour l’instant avec les tandems qui s’entraînent depuis le début de l’année, voire plus longtemps. Ma priorité, jusqu’au départ de la Route du Rhum, c’est d’apprivoiser Charal ».
Copyright photos : Yvan Zedda / ALeA / Charal