Jérémie Beyou, son équipe technique et Charal sont arrivés à bon port, ce mercredi matin. Une fois dans le bassin Vauban à Saint-Malo, l’équipe technique s’est remise au travail pour que l’Imoca soit fin prêt, avant le départ, dimanche 4 novembre !
Mercredi, alors que Charal venait de passer les écluses, Pierre-François Dargnies était d’humeur joyeuse, mais studieuse. Le directeur technique était heureux, oui, de l’arrivée de l’IMOCA60 Charal dans le port de départ de la 11e édition de la reine des transatlantiques, mais il avait bien conscience également du travail qu’il reste à accomplir, en quelques jours, pour améliorer la performance et la fiabilité de « son » monocoque, mis à l’eau il y a à très exactement deux mois.
C’est vrai que c’est court, deux mois, pour rendre totalement performant le plus incroyable des Imoca de la flotte. « Il fait sensation dans le village… », sourit ‘Pifou’. En l’état de l’art, « Jérémie sait qu’il va partir sur la Route du Rhum avec un très bon bateau, très bien construit, qui n’a rencontré aucun problème structurel depuis qu’on navigue avec, rassure le directeur technique de Beyou Racing. Mais on a peu navigué avec ce bateau, seulement 19 sorties, et on n’a pas rencontré toutes les conditions, qui nous auraient permis d’étalonner la fiabilité de toutes les pièces et de vérifier toutes les performances de Charal à toutes les allures de vent et dans tous les angles ».
« Je suis un brin prudent… »
C’est donc « un bateau ultra puissant avec un skipper tout aussi puissant » qui se préparent à la Route du Rhum. Mais c’est aussi le seul bateau neuf de la flotte à l’heure actuelle, qui va se confronter à des couples homme-bateau qui ont des mois de complicité, voire plus, nombreux ayant capitalisé les leçons d’un Vendée Globe.
« Maîtriser une telle machine, ajoute Pierre-François Dargnies, c’est savoir anticiper, et c’est plus facile d’anticiper quand on connaît tout du bateau. Le potentiel de ce bateau est énorme et je me prends à penser que, si tout s’enchaîne bien, Charal est capable de faire beaucoup plus que finir la Route du Rhum. Je suis un brin prudent parce que c’est la première fois de ma vie que je présente au départ d’une grande course un bateau qui n’est pas prêt à 100%, mais j’oublie un peu que le noyau dur de l’équipe travaille ensemble depuis quatre ans, qu’on a la confiance de Jérémie et que, de toute façon, on savait dès le 1er avril 2017, date à laquelle on a lancé le projet, qu’on serait un tout petit peu court pour la Route du Rhum 2018 ».
Douze jours pour préparer l’homme et le bateau
Ces douze derniers jours vont être particulièrement rythmés pour l’équipe à terre. Samedi aura lieu le contrôle sécurité, rendez-vous officiel en présence du skipper, qui sera le moment de bascule du team. Avant, les techniciens pourront encore travailler sur des points précis. Après, « Pifou » fera passer l’équipe en mode « contrôle qualité et fiabilité ». Les systèmes de safrans et de quille ont fait leurs preuves, le gréement est fiable et les voiles restituent très exactement ce que le team espérait. « Jusqu’au bout, nos deux préoccupations majeures seront de contrôler les pièces maîtresses qui permettent à un bateau de course de traverser l’Atlantique, et à un skipper solitaire de naviguer ». Le gréement, les foils, les safrans et la quille d’une part, le pilote automatique et l’énergie d’autre part.
Un œil, puis deux, sur la météo
Jérémie Beyou, lui, aura sa mission : préparer sa course. Tout commencera mardi prochain, avec la réception de fichiers météo plus fiables sur la journée du départ et sur les jours qui suivront. Entouré de Philippe Legros, son complice de toujours et de Bertrand Pacé, responsable de la performance, il va établir son plan de vol et choisir ses voiles parmi celles que le team a apportées à Saint-Malo. Jérémie choisira aussi le mode de course dans lequel il compte affronter cette Route du Rhum, qui l’a déjà récompensé d’une deuxième place. Il y a fort à parier que le tandem ne partira pas, dimanche 4 novembre, pour faire de la figuration…