Après une première étape de la Solitaire Urgo Le Figaro difficile, Jérémie Beyou a bien relevé la tête sur la seconde entre Kinsale et Roscoff, où il a pris une belle cinquième place. Heureux d’arriver bien classé chez lui, en Baie de Morlaix, le skipper de Charal compte poursuivre sa progression sur les deux prochaines étapes, qui se courront majoritairement en Manche.
Comment accueilles-tu cette cinquième place à Roscoff ?
Elle fait du bien, parce que je suis venu sur la Solitaire pour faire des étapes comme ça, pour me bagarrer aux avant-postes, j’avoue que la première avait été assez difficile à digérer, je n’avais pas eu beaucoup de réussite. Là, j’ai vraiment fait ce que je voulais faire, à savoir être devant, naviguer propre, ça procure de bonnes sensations.
Quels ont été les moments-clés de cette deuxième étape ?
Ça s’est d’abord joué au petit matin lundi avant les Scilly : un gros grain est passé, qui a permis à Yoann Richomme et Armel (Le Cléac’h) de s’échapper. Nous étions un petit groupe à un mille derrière eux et nous nous sommes retrouvés avec 10 milles de retard. Ça a été un dur à encaisser, mais je ne me suis pas démobilisé et petit à petit, je suis revenu, dans le petit temps puis dans la brise. J’ai dû passer septième au sud de l’Angleterre et sur la traversée de la Manche vers Portsall, j’ai bien senti le coup en passant à l’est du DST des Casquets (dispositif de séparation du trafic). Toute la nuit de mardi à mercredi, j’ai eu une bonne vitesse au portant dans du vent soutenu et du courant dans le bon sens, ça m’a permis de passer devant le groupe d’Armel et de finir avec cette belle cinquième place.
Tu finis premier marin de la Baie de Morlaix, juste devant Armel (7e), un petit clin d’œil en plus ?
Ce n’est bien sûr pas l’objectif prioritaire, mais c’est un petit challenge sympa entre nous. Et pour l’un comme pour l’autre, c’est forcément particulier d’arriver ici sur une étape de Solitaire : quand tu rentres dans le chenal, tu le connais par cœur, et dans ce port, tu as tes habitudes, c’est sympa. En plus, il y a du soleil, plein de monde avec de grands sourires, ça fait vraiment plaisir d’être là.
Dans quel état d’esprit vas-tu aborder la suite de cette Solitaire ?
L’idée, c’est de continuer à bien comprendre le bateau et d’assumer mes choix, en tentant parfois des petits coups, parfois des options plus tranchées, je veux prendre le maximum de plaisir dans tout ça. Ce sont des étapes très dures physiquement, mais au bout du tunnel, il y a parfois la lumière, c’est très satisfaisant que ça se termine comme ça. Maintenant, si ça pouvait ne pas s’arrêter à cette cinquième place, ça serait encore mieux, je vais tout faire pour grappiller des plac
es sur les deux étapes à venir.
Comment vois-tu la prochaine (450 milles entre Manche et Mer d’Iroise, départ dimanche) ?
C’est une étape sur laquelle nous allons encore avoir beaucoup de travail, avec du courant, du côtier, des DST à négocier, et comme c’est la troisième, tout le monde va commencer à piocher physiquement. C’est souvent l’étape-tournant au général, même si, pour moi, au classement, c’est compliqué à cause de la première où j’ai concédé beaucoup de temps. Mais il y aura des coups à faire pour terminer à une bonne place à Roscoff.