Arrivé dimanche à Salvador de Bahia, terme de la Transat Jacques Vabre, dont il a pris la troisième place aux côtés de Christopher Pratt, Jérémie Beyou, qui ramènera Charal en solitaire à Lorient à partir de la semaine prochaine, dresse un bilan positif de ces deux semaines de mer. Le skipper de Charal est d’ores et déjà tourné vers son prochain grand objectif, le Vendée Globe 2020.
As-tu pu profiter de cette arrivée à Salvador et la partager avec tes proches ?
Oui, les arrivées de transat sont toujours des moments sympas qu’il faut savoir savourer. Nous avions déjà vécu de bons moments cette année après nos victoires sur le Fastnet et le Défi Azimut, mais là, la dimension est forcément particulière de partager cette arrivée au bout d’une transat qui aura été difficile mais belle, avec mon partenaire, Charal, et mon équipe technique. C’est important de leur offrir un podium sur un bateau qui a été fiable du début à la fin, ce qui est une grosse satisfaction.
Avec un peu de recul, quel bilan dresses-tu de cette Transat Jacques Vabre ?
Le bilan, c’est qu’elle est vraiment un bon tremplin pour faire quelque chose de grand dans un an sur le Vendée Globe. J’ai la sensation – et d’après les observations que j’ai entendues, je crois que c’est également perçu comme ça de l’extérieur – que nous avons eu une bonne maîtrise du sujet, à la fois dans la marche du bateau, le rythme et les options, même si nous avons manqué de réussite au Pot-au-noir. Sur les dix premiers jours de course, nous sommes parvenus avec Christopher à trouver la bonne carburation et des moyennes élevées, mais aussi à tirer les bons bords et à faire de belles trajectoires. Je pense au début de course dans le Golfe de Gascogne, lorsque nous sommes partis sur une route un peu intermédiaire pour volontairement attendre le dernier moment avant de choisir entre les routes ouest et sud, puis, avant les Canaries, quand nous sommes descendus « en escalier », au prix de plusieurs empannages. Ces efforts valaient le coup, parce qu’ils nous ont permis de passer en tête, nous avons toujours été « raccord » avec Christopher sur l’intensité qu’il fallait mettre. Nous aurions pu gagner car nous avons fait une belle performance globale… malgré un manque de chance dans le pot-au-noir. Nous finissons sur le podium grâce à une belle remontée en fin de course, qui nous permet finalement d’entretenir une dynamique positive après nos premières places sur le Fastnet et le Défi Azimut. Si nous continuons à travailler comme nous l’avons fait depuis un an, la victoire pourra arriver avant la prochaine Transat Jacques Vabre…
Avec Christopher, cela a encore été une belle histoire ?
Oui, encore plus belle que la dernière fois que nous avions courue cette Jacques Vabre, en 2013. Je trouve que nous avons été plus dynamiques sur nos trajectoires, Christopher, en plus d’être un compagnon de route très agréable, a une capacité d’analyse et de résistance hors du commun. Et l’histoire a été d’autant plus belle plus que nous avons eu ce passage à vide de trois jours dans le Pot-au-noir qui nous a mis à l’épreuve. Malgré cela, nous avons réussi à rester solidaires et à nous reconstruire rapidement en sortie de Pot-au-noir pour aller chercher ce podium. Nous nous sommes vraiment démenés pour ça, nous terminons finalement sur les talons du deuxième, ça restera donc une aventure très forte. Et je pense que la façon dont j’ai personnellement réussi à passer ce moment difficile me servira énormément pour la suite.
Justement, quel est le programme désormais pour toi et l’Imoca Charal ?
Maintenant, c’est Vendée Globe ! Nous avons déjà listé tout ce qu’il y a à faire d’ici la semaine prochaine pour que je sois prêt à ramener Charal en solitaire à Lorient, ce qui va notamment me permettre de valider ma qualification. Nous avons aussi noté avec Christopher toute une liste de petits ajustements d’accastillage et d’ergonomie destinés à faciliter la vie à bord en vue du Vendée Globe et nous avons un gros chantier d’hiver à venir avec les nouveaux foils. Nous sommes vraiment désormais tournés vers le solitaire et le tour du monde, on est partis !