Le chantier d’hiver de l’IMOCA Charal a notamment pour but d’apporter des retouches ergonomiques pour permettre à Jérémie Beyou de supporter du mieux possible la vie à bord pendant le Vendée Globe. Explications avec le skipper et Héloïse Baizé, ingénieure au bureau d’études du Charal Sailing Team.
S’ils sont nettement plus performants que les IMOCA de la génération précédente, les nouveaux foilers sortis de chantier en 2018 et 2019, dont Charal aura été le premier de cordée, s’avèrent en revanche plus exigeants physiquement, avec des comportements assez brutaux qui ne ménagent guère les skippers. Jérémie Beyou et Christopher Pratt en ont encore fait l’expérience sur la dernière Transat Jacques Vabre, dont ils ont tiré nombre d’enseignements en termes d’ergonomie du cockpit et de la cellule de vie à l’intérieur du bateau.
« Avec la vitesse et le mode semi-volant, le bateau devient rapidement invivable, explique Jérémie Beyou. En débriefant la transat Jacques Vabre, nous nous sommes dit que si j’avais été tout seul, j’aurais vite été à bout physiquement, juste sur des positions statiques. Quinze jours en double, ça passait, mais en solitaire sur 70-80 jours, non. La notion de rythme est capitale sur un Vendée Globe : pour tenir la cadence que tu souhaites à certains moments, c’est primordial d’être bien assis pour régler le bateau, bien allongé pour récupérer, c’est cette somme de petits détails qui permet d’imprimer le bon rythme. Aujourd’hui, sur ces bateaux, la limite devient plus humaine que technique. »
D’où le soin apporté cet hiver à plusieurs modifications ergonomiques, confiées au sein du bureau d’études à la jeune ingénieure Héloïse Baizé, qui indique : « Un des objectifs du chantier est de mettre le bateau en configuration solitaire et de répondre aux demandes spécifiques de Jérémie. Cela concerne aussi bien le poste de veille dans le cockpit que sa position à la table à cartes. Par exemple, à l’origine, il n’y avait de siège nulle part, on est en train d’étudier cette solution. »
La modification la plus importante concerne la protection du cockpit, de façon à ce que le skipper soit en permanence au sec, ce qui nécessite la fabrication d’une maquette à l’échelle 1, en bois et en mousse : « Nous avions déjà fait évoluer le cockpit avant la Transat Jacques Vabre en le protégeant quasiment intégralement sous ce que avions appelé « la véranda ». Il s’est avéré qu’elle avait quelques défauts, notamment qu’elle n’était pas totalement étanche. Nous faisons donc quelque chose de plus structuré et de plus esthétique pour que ça puisse tenir pendant tout le Vendée Globe », poursuit Héloïse Baizé.
Jérémie Beyou ajoute : « On se rapproche d’un cockpit fermé comme sur d’autres bateaux neufs, mais on veut garder l’esprit de départ, à savoir que je puisse continuer à voir ce qui se passe devant pendant les manœuvres, au vent et sous le vent pour régler les voiles. On a donc adopté une solution un peu hybride. Parallèlement, avec Garmin, un de nos partenaires, nous sommes en train de développer la vision par caméras. Le « confort », c’est aussi ça, ce n’est pas que rajouter du composite ou des mousses à droite à gauche. »
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