Indispensable à la bonne marche d’un Imoca, qui plus est sur une course longue comme le Vendée Globe, l’énergie est un enjeu crucial du chantier d’hiver de Charal. Pour le Charal Sailing Team, il s’agit de trouver le meilleur compromis entre fiabilité, poids et préoccupations environnementales.
« Si tu as un problème d’énergie, tu ne finis pas le Vendée Globe ». En une phrase, Jérémie Beyou résume l’importance de l’enjeu énergétique sur la course autour du monde. Sur un Imoca, l’énergie a plusieurs fonctions, expliquées par Pierre-François Dargnies, directeur technique du Charal Sailing Team : « On en a besoin tout simplement pour la lumière et les feux de navigation, mais aussi pour l’électronique embarquée, les GPS, les pilotes automatiques, les ordinateurs, les moyens de communication… » Et si, depuis quelques années, la tendance était à une baisse constante de la quantité de gasoil embarqué – notamment grâce aux hydrogénérateurs (appendices plongés dans l’eau munis d’une hélice), l’arrivée des nouveaux foilers a changé la donne : « Sur cette génération de bateaux, nous avons tout un système d’instrumentation assez énergivore (des capteurs), qui permet de suivre en temps réel les charges sur le bateau, en particulier la déformation des foils et la compression dans le mât, deux points à surveiller en permanence. »
Un Imoca comme Charal consomme jusqu’à 6400 Wh par jour, l’enjeu pour l’équipe technique est de trouver le meilleur compromis possible entre les différentes sources d’approvisionnement (moteur alimenté par du gasoil, hydrogénérateurs et panneaux solaires), en fonction des « deux objectifs majeurs » définis par Pierre-François Dargnies. « D’abord l’indépendance énergétique du bateau pendant tout le Vendée Globe, ce qui nécessite de disposer de solutions de rechange en cas de panne ou de casse. Ensuite, l’optimisation de la masse embarquée dans un souci de performance, d’où un compromis difficile à trouver entre le poids du gasoil, lourd au départ mais léger à l’arrivée, et celui des énergies renouvelables, moins important mais constant ». Compromis qui prend en compte un troisième élément-clé : la protection de l’environnement, donc la limitation de la consommation de gasoil. « Nous sommes tous sensibilisés à cette problématique dans l’équipe, Charal également, nous cherchons tous à limiter notre consommation d’énergie fossile. »
En vue du Vendée Globe 2020, le Charal Sailing Team a choisi de mettre davantage l’accent sur l’énergie solaire. « Sur la Transat Jacques Vabre, nous avons fait des tests à petite échelle, nous allons passer à une puissance plus importante : l’objectif est de tourner au gasoil- avec une quantité limitée – et au solaire sur le Vendée et que les hydrogénérateurs deviennent la solution de rechange, car l’inconvénient de ces derniers est qu’ils demandent l’intervention du skipper et ralentissent le bateau », explique le directeur technique.
Un partenariat a été noué avec la société Fly Solartech qui fournit des panneaux solaires customisés installés pendant le chantier d’hiver sur la casquette et sur le pont de Charal. « Ils sont légers, efficaces et discrets, ils se fondent bien dans la géométrie du pont et la décoration du bateau », souligne Pierre-François Dargnies. Qui conclut : « C’est un partenariat récent mais prometteur, car nous espérons aller plus loin : notre objectif est d’avoir un bateau sans énergie fossile pour la Route du Rhum 2022, avec du solaire et des hydrogénérateurs. Nous nous intéressons aussi de près à l’éolien, qui, avec les vitesses qu’atteignent les Imoca aujourd’hui, est une solution à étudier, même si elle est complexe à mettre en œuvre. »
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