Notre dernier volet sur le chantier d’hiver du l’Imoca Charal s’intéresse aux voiles, le « moteur » du bateau. Un dossier particulièrement sensible sur les nouveaux foilers, dont le comportement plus aérien pose de nouvelles problématiques.
Sur le Vendée Globe, huit voiles sont autorisées, dont la grand-voile, le tourmentin, voile de tempête obligatoire qui ne sert quasiment jamais, et « deux voiles obligatoires de fait, le J2 (ou trinquette) et le J3 (ou ORC), des voiles de près et de gros temps », selon Nicolas Andrieu, responsable de la performance au sein du Charal Sailing Team et en charge du dossier voiles. Restent donc quatre voiles à choisir parmi une gamme, qui comprend le J1 (ou solent), voile de petit temps pour remonter au près, les gennakers, petits ou grands (dont le code zéro), utilisés au reaching (vent de travers) et au portant (vent arrière), et les spis, petits ou grands, voiles de portant.
Sur l’Imoca Charal, un premier jeu avait été fabriqué par North Sails pour la mise à l’eau en août 2018, il a depuis évolué, avec quelques nouvelles voiles sur la Transat Jacques Vabre, qui font dire à Jérémie Beyou : « En plus d’un an, on a vu beaucoup de choses en termes de formes de voiles et d’usures, ce qui nous a permis de rédiger une grosse bible de ce que devraient être les voiles du Vendée Globe ». Et cette période d’essais n’est pas finie : « En vue du jeu de voiles neuf complet dont nous disposerons mi-août pour le Vendée Globe, nous allons encore tester pas mal de choses avec North, notamment sur des voiles de portant que nous aurons sur la New York-Vendée (en juin). »
L’enjeu est de taille, surtout que le comportement des nouveaux foilers, bateaux spécifiquement construits autour des foils – ce qui n’était pas le cas de la génération précédente, plus hybride – change la façon d’appréhender le plan de voilure. Nicolas Andrieu explique : « A certaines allures lorsqu’ils sont en mode vol, les bateaux ont besoin d’être beaucoup moins toilés qu’avant et le « range », à savoir la plage d’utilisation, de certaines voiles est plus réduit. »
Cela signifie potentiellement de nombreux changements de voiles pour le skipper, ce que souhaite justement éviter le Charal Sailing Team. « L’enjeu pour nous est de diminuer le nombre de manœuvres sur Vendée Globe, parce que plus les bateaux vont vite, plus un changement de voile te fait perdre du terrain, sans compter que c’est une grosse dépense d’énergie pour le skipper. Donc le but, ce n’est pas forcément d’avoir des voiles les plus efficaces dans toutes les conditions, mais d’avoir des voiles qui se recoupent bien pour que Jérémie n’ait pas l’obligation d’en changer quand on est un peu entre deux voiles », explique Nicolas Andrieu. Qui conclut : « Aujourd’hui, comme tout le monde tâtonne un peu sur ce dossier de l’adaptation du jeu de voiles au nouveau comportement du bateau, il y a du gain à faire qui n’est pas négligeable. »
- Tourmentin : voile de tempête, la plus petite de toutes.
- J1, J2, J3 : voile d’avant. J vient du terme anglais Jibb qui désigne le foc. Le J1 est plus grand que le J2, plus grand que le J3
- Spinnaker ou spi : voile ballon très creuse, particulièrement efficace aux allures proches du vent arrière et par vents relativement faibles.
- Gennaker : Voiles hybrides entre le spinnaker et le foc, les gennakers sont suffisamment creux pour donner de la puissance aux allures portantes.
Articles chantier :
Chantier Charal : L’énergie, question de compromis