Le départ de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, boucle en solitaire de 3572 milles qui mènera la flotte vers l’Islande puis les Açores, est donné ce samedi à 15h30 des Sables d’Olonne. Avant le coup d’envoi de cette grande répétition générale à quatre mois du départ du Vendée Globe, Christopher Pratt, qui seconde Jérémie Beyou dans la préparation du tour du monde, évoque les conditions que va rencontrer le skipper de l’IMOCA Charal.
Christopher, à quoi Jérémie doit-il s’attendre dans les premières heures de cette Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne ?
Les deux-trois premiers jours ne sont pas très complexes au niveau stratégique, avec, une fois la bouée de dégagement contournée, un long bord de près bâbord amure (vent de sud-ouest/ouest venant de la gauche) vers la pointe de la Bretagne, puis les îles Scilly, puis l’Irlande, avec un vent qui va monter graduellement jusqu’en Mer Celtique, où il sera relativement fort, entre 25 et 35 nœuds, tout comme la mer, 3-4 mètres de creux. Ils arriveront probablement sur l’Irlande dans la soirée de dimanche avec sans doute des bords à tirer autour du phare du Fastnet. Et au moment où ils vont contourner la pointe sud-ouest de l’Irlande, le vent va se calmer et devenir plus raisonnable, autour de 20 nœuds.
Donc une entame virile mais assez simple au niveau de la route à suivre ?
Oui, les premières heures de course sont assez simples, stratégiquement parlant, il n’y a pas de grosses options à prendre au début, comme au départ de la Transat Jacques Vabre. Ça va en revanche être une course de vitesse avec du vent qui ne va faire que forcir et une mer qui deviendra difficile. Il faudra bien enchaîner les réglages et les manœuvres, il y aura peut-être un petit virement de recalage pour parer la pointe de la Bretagne, puis d’autres au sud de l’Irlande dans du vent fort, donc les trois-quatre premiers jours vont être très physiques et sollicitants pour les bateaux. C’est une entame pour les gros bras. Nous, on sait que le bateau fonctionne bien à ces allures avec les nouveaux foils, on a beaucoup progressé au près. Il n’y a donc pas de raison de ne pas être serein. Il faudra vraiment que Jérémie se concentre sur la vitesse du bateau et la préservation du matériel et du bonhomme, là-dessus, je ne suis pas inquiet, parce qu’il sait faire.
Quelle sera la suite du programme entre l’Irlande et l’Islande ?
Ils vont traverser une petite dorsale anticyclonique jusqu’à ce qu’une deuxième dépression, que nous avons baptisée « L2 », arrive sur la flotte mardi. Le positionnement de ce centre dépressionnaire est encore incertain selon les modèles, mais les bateaux les plus rapides devraient pouvoir le contourner par le nord, donc au portant, ce qui devrait permettre d’arriver jusqu’au point de passage au sud de l’Islande avec un vent assez clair. Ensuite, la descente vers les Açores est plus hasardeuse, mais a priori, ce sont plutôt des vents de secteur ouest/sud-ouest dominants, donc du reaching puis du près. Et sur la fin de course, là encore, c’est à prendre avec des pincettes, il peut y avoir une traversée assez laborieuse de l’anticyclone des Açores et un retour avec plutôt du vent d’est, donc encore du près.
Encadré : « Un contexte un peu particulier »
Partis en tandem vendredi après-midi de Lorient, Jérémie et Beyou et Christopher Pratt rejoignent directement la ligne de départ devant les Sables d’Olonne, le Marseillais quittera ensuite le bord avant le début de la procédure. La Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, précautions sanitaires obligent, s’élance en effet sans le cérémoniel et les formalités habituels d’avant-départ. « C’est un peu particulier », reconnaît le skipper de Charal, qui ne veut cependant pas se laisser déconcentrer par ce contexte et attend beaucoup de cette première course de la saison. « C’est un plaisir de retourner en mer tout seul sur le bateau pour continuer à bien se préparer pour le Vendée Globe. La Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne est une étape importante, avec un format un peu hybride : ce n’est pas une étape de Solitaire qui dure deux-trois jours, ce n’est pas non plus un tour du monde de 70 jours, le rythme ne va être si évident que ça à trouver. Je m’attends à une entame avec beaucoup de changements de voiles, ça risque d’être intense. Ce qui est limitant sur nos bateaux, c’est l’état de la mer, donc par moments, il faudra y aller un peu plus souple pour préserver le matériel. »
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