Passé jeudi à 12h32 en troisième position au waypoint COI-Unesco, situé au sud-ouest de l’Islande, Jérémie aura mis 4 jours 21 heures et 12 minutes de mer (1519 milles parcourus, à 13 nœuds de vitesse moyenne réelle) et avec respectivement 51 et 45 minutes de retard sur Thomas Ruyant et Charlie Dalin. Le skipper de Charal a depuis signé un beau retour aux affaires en se positionnant 1er puis 2e ce matin. Le trio de tête se tient dans moins de 4 milles nautiques.
Le skipper de l’IMOCA Charal a fêté le passage de cette bouée COI-Unesco en s’offrant un plat Charal Sport qu’il affectionne tout particulièrement, la salade de bœuf. De quoi refaire le plein d’énergie avant d’attaquer la descente vers la dernière marque de passage, le waypoint Gallimard, qui devrait être aussi éprouvante que la première partie de course. Les conditions s’annoncent en effet encore très variées, ce qui signifie nombreux changements de voiles et de manœuvres. Joint vendredi matin par l’organisation, Jérémie a ainsi confié : « Le vent est hyper variable, entre 7 et 20 nœuds, et en direction aussi. Là, le bateau vient de passer de 7 à 23 nœuds… On est au reaching (vent de travers), il faut adapter les réglages en permanence, donc tu ne peux pas trop dormir. J’étais bien fatigué en arrivant là-haut, j’ai réussi à dormir un peu sur la fin quand on était au près autour de la bouée, donc ça va un peu mieux ».
Ces conditions très variables ont provoqué un regroupement général en tête de la flotte avec les 8 premiers bateaux qui se tiennent en moins de 25 milles, rien à l’échelle d’une course de 2800 milles. La stratégie à venir ? Traverser une nouvelle dorsale anticyclonique qui se dresse sur la route vers le sud, avant de retrouver du vent plus fort, sans doute au près. « Il n’y a pas grosses options, mais ça va encore faire un regroupement, voire un passage à niveau, poursuit Jérémie. Dans la dorsale, il n’y aura pas de vent et derrière, on aura des conditions entre 20 et 25 nœuds, il faudra aller contourner une petite dépression, à la sortie de laquelle on va se propulser vers le waypoint Gallimard. »
Une chose est certaine : le skipper de Charal n’a pas fini de s’employer pour faire avancer vite et bien son bateau sur cette course qui, de son propre aveu, « n’a pas grand-chose à voir avec un Vendée Globe en termes de rythme, en termes de rebondissements non plus », en raison des changements incessants de conditions météo qui provoquent pas mal de resserrements de la flotte. « Sur un Vendée Globe, c’est moins vrai, à part certains passages à niveau comme le Pot-au-noir ou le Cap Horn. »
Reste que cette Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne est très riche d’enseignements dans la perspective du tour du monde en solitaire : « Je profite de chaque minute, j’apprends beaucoup de choses. C’est intéressant de faire plein de manœuvres par exemple, surtout que l’on va quand même peu re-naviguer après l’été et avant le Vendée Globe. Enquiller autant de manœuvres, c’est une case de cochée. Après, ce qui manque, c’est de rester longtemps avec le même phénomène, faire des grands bords de portant dans la brise. » Le skipper de Charal aura en tout cas eu une confirmation : la vie à bord de ces bolides à foils est particulièrement inconfortable : « Ce n’est pas une découverte, les bateaux sont ultra-violents. Quand ça tape, il y a deux solutions : soit tu es en veille dehors ou dans ton siège à la table à cartes, soit tu dors. Grosso modo, il ne faut pas bouger ; si tu bouges, tu le fais avec une extrême précaution. Et quand tu lances une manœuvre, tu y réfléchis à deux fois, parce que c’est un peu casse-gueule… » Pas de doute : pour supporter ça, il faut être hors normes…
Ecouter la vacation audio réalisée ce matin, vendredi 10 juillet avec Jérémie