A 13h02 dimanche, Jérémie Beyou s’élancera sur son quatrième Vendée Globe consécutif, le premier aux côtés de Charal. Confiné depuis le 31 octobre, le Finistérien a des dernières journées de terrien bien occupées, entre séances de sport sur la plage des Sables d’Olonne, passages au bateau pour valider les derniers préparatifs, tests PCR (le dernier obligatoire, ce vendredi) et étude de la météo des premiers jours de course.
Depuis le week-end dernier, Jérémie Beyou passe deux heures quotidiennes en visio pour évoquer la situation météo, en compagnie de Marcel Van Triest, spécialiste reconnu du routage, Bertrand Pacé, coach navigation et voiles, qui l’accompagne depuis deux ans, Christopher Pratt, son skipper remplaçant, et Nicolas Andrieu, responsable de la performance au sein du Charal Sailing Team. Ces séances sont complétées par celles, collectives, assurées par Jean-Yves Bernot pour le pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt. « Il y a de la matière grise réunie, mais je pense que ce n’est pas un luxe vu la situation qui nous attend », sourit Jérémie.
Effectivement, la météo qui attend les 33 skippers à partir de dimanche leur promet pas mal de nœuds dans le cerveau : « On n’est pas sur une situation très classique, ça risque d’être assez lent et complexe, a priori, ce n’est pas l’autoroute », confirme Jérémie. Dans le détail, ça donne quoi ? « On devrait partir dans du vent medium d’une quinzaine de nœuds de secteur sud, plutôt maniable, ce qui va nous permettre de se dégager rapidement des côtes pour progresser vers l’ouest à la recherche d’une baisse de pression qui remonte du Portugal. Ce passage de front au près, assez sport, est prévu pour lundi au petit matin, il y aura ensuite au moins une autre zone de basses pressions à gérer, mais c’est moins calé. Et ce qui se passe en-dessous l’est encore moins, parce qu’il n’y a pas d’alizé. »
Autant dire qu’il faudra d’entrée être bien inspiré : « Stratégiquement, il va rapidement y avoir un choix à faire entre continuer à gagner dans l’ouest ou piquer au sud. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment d’indices en faveur d’une route ou d’une autre. J’espère que ça va s’éclaircir dimanche matin, sinon, il faudra choisir sur l’eau dans la journée de lundi. »
Avant cela, il y aura un départ à gérer, particulier à terre, avec un départ du ponton à huis clos, mais aussi en mer, avec une flotte record sur l’eau. « Je pense que lors de la descente du chenal, il y aura quand même des gens sur les balcons pour faire un peu de bruit, c’est plus sur le ponton que ça risque d’être un peu triste, car personne n’est autorisé à venir avec nous, regrette Jérémie. Ensuite, le départ reste une préoccupation, on n’a jamais fait ça à 33, certains n’ont même jamais pris un départ en solo en IMOCA. Depuis quelques courses, j’ai ma routine, avec une démarche un peu agressive, j’entends continuer dans cette voie là, mais j’essaierai de prendre de la marge. ».
A deux jours du départ, le skipper de Charal est partagé entre plusieurs sentiments :
« Il y a un peu tout qui se mélange : l’appréhension d’avoir oublié quelque chose, l’impression de ne pas avoir eu assez de temps, alors que je sais que nous avons tout mis en œuvre pour être prêts le jour J, et la hâte de partir. » Le skipper est fin prêt, le bateau aussi, ne reste que les produits frais à embarquer : salade composée, quiches lorraines et plat de lasagnes pour les 48 heures initiales, fruits (kiwis, bananes, pamplemousses) pour la première semaine, histoire d’accompagner les bons petits plats Charal que lui a concoctés son partenaire. Le tout entrecoupé de son péché mignon : les pétales de bœuf séché. Quand la performance passe aussi par le plaisir gustatif…
Un protocole strict
Le confinement annoncé la semaine dernière par Emmanuel Macron a conduit tous les participants à s’adapter à la nouvelle donne, ce que confirme Vincent Beyou, qui dirige le Charal Sailing Team : « Le nouveau protocole de départ nous a contraints à revoir tout le dispositif, dans la mesure où nous ne pouvons plus avoir d’invités. Nous n’aurons que deux semi-rigides affectés à la sécurité du bateau, la répartition a été complexe parce qu’un des deux ne doit comporter que des personnes confinées : si Jérémie a un problème après le départ, il ne faut pas casser la bulle sanitaire. » Jérémie Beyou et le « groupe skipper » (6 personnes maximum, confinés depuis le 1er novembre) arriveront au village au plus tard à 7h51 dimanche, il répondra aux médias pendant 15 minutes, avant de rejoindre le ponton de Port Olona, d’où l’IMOCA Charal sera le cinquième bateau à appareiller, à 8h31.