Ménage à trois

Il y a 48 heures, à l’approche du Cap Vert, ils étaient séparés de plus de 200 milles. Puis ils se sont retrouvés, comme si de rien n’était. Ce mercredi matin, dans le sud de l’archipel, le ménage à trois LinkedOut- Charal- Apivia s’est reconstitué. Le trio file droit vers la nasse. Trous d’air et grains épars sont au menu de ce 10^e jour de course, au seuil du Pot-au-noir.

Depuis le coup d’envoi de cette transat automnale bien singulière, c’est un peu comme dans la chanson de Jules et Jim : reconnus, perdus de vue, séparés puis retrouvés. Quoi qu’ils fassent, les trois protagonistes qui mènent la course en tête depuis la traversée du golfe de Gascogne semblent avoir leur destin lié.

Il faut dire que depuis le départ, c’est aussi, un peu, la même histoire. En l’absence de grande option stratégique – la route sud, au portant, s’est imposée d’elle même -, les marins font avec ce qu’ils ont. Dans ce patchwork éolien un peu décousu, la seule impérieuse exigence est de faire marcher son bateau à fond. Empanner au moment opportun, choisir l’angle ou la pression, changer de voile d’avant dès que les conditions l’imposent, ne pas s’endormir aux réglages, surveiller ses camarades mais aussi la flotte des Ocean Fifty qui ouvre la voie quelques milles plus au sud.

En bons Figaristes et en fins connaisseurs de leur bateau, Jérémie et Christopher maîtrisent bien ce genre d’exercice. Malgré des foils plus petits que ceux de leurs concurrents, ils rivalisent en vitesse et tiennent leur rang dans le tourbillon de cette transat. Mais ils savent, pour l’avoir vécu il y a deux ans, que le Pot-au-noir peut anéantir tous les efforts. Alors on les imagine très concentrés pour aborder l’obstacle qui se dresse devant eux. Pour l’instant en 2^e position entre LinkedOut et Apivia ils filent à 18 nœuds de moyenne. Plein pot vers le Pot.

Classement du 17 novembre à 9h heure française