Pour sa première transatlantique en solitaire à bord de Charal 2, Jérémie Beyou s’offre un podium prestigieux (3e) à l’issue d’une épique bataille en mer. Premier IMOCA de dernière génération à l’arrivée, le skipper et toute l’équipe sont récompensés pour l’incroyable travail de développement et de fiabilité déployé ces derniers mois. De quoi envisager l’avenir avec un maximum de confiance et de sérénité.
Il a débarqué sur le ponton de Pointe-à-Pitre au petit matin, ce lundi. Le visage marqué par la fatigue et les efforts, mais aussi le sourire, symbole du travail accompli. Jérémie Beyou a bouclé la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en 11 jours, 21 heures et 55 secondes. Comme les deux skippers qui l’ont précédé un peu plus tôt (Thomas Ruyant, LinkedOut, et Charlie Dalin, APIVIA), le skipper de Charal fait mieux que le record établi par François Gabart et qui tenait depuis huit ans.
« On est allé chercher de la puissance pour aller vite »
Mais surtout, Jérémie Beyou a démontré brillamment l’incroyable potentiel de Charal 2. Il s’agit ainsi du premier bateau de dernière génération à être allé au bout de cette 12e édition. « C’est un bateau qui a de l’aisance au près mais aussi au portant et dans la brise, savoure Jérémie. Pour le skipper, « tout est allé très vite » : la réflexion débutée avant même le dernier Vendée Globe, les échanges avec Sam Manuard et le bureau d’étude, la conception avec VPLP avant d’enchaîner les navigations depuis juillet dernier. Ensuite, place à cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe, à des conditions jamais rencontrées à bord de Charal 2, à cette bataille rangée et à une 3e place exceptionnelle cinq mois seulement après sa mise à l’eau.
« Forcément, tout est un peu difficile avec un bateau neuf, sourit Jérémie. Il y a plein de systèmes que tu ne maîtrises pas encore. Parfois ça ne coulisse pas bien, ça casse et tu râles… » Par ailleurs, il a fallu rester prudent dans certaines conditions pour « rester raisonnable » et « attendre d’avoir le recul nécessaire ». Mais Jérémie, qui aime tant se surpasser, a apprécié les sensations à bord de « ce bateau génial ». « En matière de carène, de foil, on est allé chercher de la puissance pour aller vite ». Et ça s’est vu, tout au long de la course, où Jérémie est toujours resté dans le wagon de tête.
« Le résultat est forcément au-delà de nos espérances »
Certes, rien n’a été facile et la débauche d’énergie a été particulièrement conséquente. « Le degré d’intensité a été maximal, je ne pense pas que l’on puisse faire plus, explique le skipper. Ça ressemble à la Solitaire du Figaro sauf que ça ne dure pas trois jours et que ce ne sont pas les mêmes machines. C’est super beau, c’est de la compétition à l’état pur ». Dès son arrivée à Pointe-à-Pitre, il est tombé dans les bras du vainqueur, Thomas Ruyant (LinkedOut). Jérémie a pu également saluer « sa victoire monstrueuse » et la performance majuscule réalisée par la tête de flotte durant toute la course.
Pour le skipper de Charal « l’objectif n°1, c’était de naviguer en course et d’emmener le bateau de l’autre côté. Le résultat est forcément au-delà de nos espérances ». Surtout, il permet de faire le plein de confiance et de continuer à s’inscrire comme un des animateurs n°1 de la classe. À l’avenir, il a un objectif déjà en tête, le Vendée Globe 2024. Jérémie Beyou ne s’en cache pas et ce ‘Rhum’ a le don d’accentuer sa motivation : « après l’aperçu que je viens d’avoir, c’est vraiment un bateau avec lequel j’ai hâte de faire un tour du monde ». Le compte-à-rebours est déjà enclenché avec la volonté, chez Charal, de revenir plus fort encore.
Sa course en chiffres :
- Temps de course : 11 jours, 21 heures et 55 secondes
- Vitesse sur l’orthodromie (la route directe) : 12.43 nœuds
- Distance parcourue au total : 4 330.57 milles
- Vitesse moyenne réelle : 15.19 nœuds
- Écart par rapport au premier : 3h 24mn et 30 sec