Avec des vents forts et une mer très formée, les conditions depuis le départ du Havre mardi ont été âpres. Si le sommeil se fait rare, l’engagement de Jérémie Beyou et Franck Cammas est total. Le duo reste en tête de la flotte sans discontinuer depuis près de deux jours. Au classement de 14h, ils comptaient 29 milles et 53 milles d’avance sur leurs deux poursuivants directs (Paprec Arkéa et For People). Retour sur un début de course très musclé.
Dans un message vocal enregistré hier après-midi, Jérémie Beyou a la voix d’un homme qui s’est donné à fond. Cela fait un peu plus de 48 heures que Charal s’est lancé dans ce sprint qu’est la Transat Jacques Vabre avec des conditions plus que toniques. Plus d’une vingtaine de nœuds de vent, une mer croisée à n’en plus finir et une bataille rangée qui n’a pas vraiment laisser le temps de souffler. « On n’a pas quitté nos cirés depuis le départ » confie Jérémie. « Le sommeil n’est pas facile à trouver parce que le bateau tape beaucoup contre les vagues ». Après s’être envolé, l’IMOCA retombe fortement dans les vagues et les chocs sont particulièrement lourds à encaisser pour les organismes.
Un engagement récompensé
Pourtant, il n’y a pas d’appréhension dans la voix de Jérémie. Avec Franck Cammas, ce sont des durs au mal capables d’encaisser ce genre de conditions, ces moments où les corps comme le bateau doivent résister. « Le vent est parfois très instable. On passe soudainement de 5 nœuds à 30 nœuds dans une mer croisée, c’est vraiment ‘casse-bateau’ » Plusieurs skippers ont d’ailleurs malheureusement dû faire face à des avaries dans la journée de mercredi.
À bord de Charal, Jérémie s’amuserait presque d’avoir dû attendre hier après-midi pour « boire un premier café ». L’engagement dont il fait preuve avec Franck paie depuis le départ : Charal n’a quasiment pas quitté la première place provisoire. Le duo ouvre donc la route en essayant de ne pas trop dévoiler ses intentions. Alors que la flotte était dans l’expectative face à un choix à prendre en matière stratégique, Jérémie préférait « ne pas être trop d’un côté ou de l’autre pour ne pas dévoiler notre jeu ».
Une stratégie payante puisque Charal a dépassé le Cap Finisterre en tête. Jérémie et Franck ont creusé l’écart pendant la matinée puisqu’ils comptaient à 14 heures 29 milles d’avance sur Yoann Richomme et Yann Eliès (Paprec Arkéa) et 53 milles sur Thomas Ruyant et Morgan Lagravière (For People). Alors qu’ils progressent vers le sud, la bataille rangée va encore s’intensifier. On oublierait presque que la course ne fait que commencer.