En l’espace de quelques jours, le skipper Charal a dû tenir bon malgré un choc au genou, a fait face à un problème de gréement et dû fortement accélérer à l’avant d’une dépression. Pourtant, Jérémie fait mieux que résister : il a signé mercredi la 2e meilleure performance sur 24 heures à bord d’un IMOCA (587 milles ce mercredi). À 7 heures ce jeudi matin, il pointe à la 6e place, à 94 milles du leader.
Il est possible de résumer une poignée de jours au cœur de l’Atlantique au milieu d’une des batailles les plus incroyables de la course au large et le tout en seulement 2 min 35 sec. C’est ce qu’a réalisé Jérémie Beyou lundi dernier. Des mots pour tout dire, pour raconter ce qui va, ce qui est plus délicat et ce qui explique aussi qu’il s’accroche coûte-que-coûte.
« C’était compliqué, fatiguant et bien stressant »
Le skipper Charal s’est expliqué depuis son cockpit, cernes creusées et débardeur sur les épaules. Au même moment, il filait à vive allure dans l’Atlantique Sud, toujours au sein de ce ‘top 10’ qui ne lâche rien. Dans sa vidéo, il commence par s’excuser : « je suis vraiment désolé de ne pas avoir donné de nouvelles ces derniers jours ». Pourtant, ça semble facile à comprendre.
Les vitesses ont redoublé depuis que la tête de flotte a mis le clignotant vers le Cap de Bonne Espérance, poussée par les vents favorables d’une dépression qui s’est formée au large du Brésil. Et puis il y a eu l’état de son genou à surveiller depuis un choc survenu la semaine précédente. Ce week-end, le bateau a également causé quelques soucis. « J’ai eu un gros problème de gréement, confie-t-il. J’ai réussi à m’en sortir mais c’était compliqué, fatiguant et bien stressant. Ça m’a obligé à mettre un peu la course entre parenthèses parfois ».
« Là, on a un peu changé de monde »
Ce qui est fascinant, surtout, c’est que ça ne s’est pas vu sur la cartographie. Jérémie a fait face à son souci tout en gardant le rythme des leaders. Mieux, il est resté dans le tempo ce qui n’a rien d’évident quand les compteurs s’affolent. « Je suis content de ne pas avoir été décroché du groupe de devant », apprécie Jérémie. Dans la nuit de dimanche à lundi, le record de la distance parcourue en 24 heures a été plusieurs fois battue. Ça a été le cas à nouveau ce mercredi et Jérémie a été à la fête. Le skipper Charal est le 2e skipper à avoir été le plus prolifique sur 24 heures avec 587,58 milles parcourus à 24,48 nœuds de moyenne !
Derrière ces performances saisissantes, la réalité du bord est bien plus difficile. Jérémie ne s’en cache pas : « là, on a un peu changé de monde. Les conditions sont beaucoup plus musclées. Il y a beaucoup plus de vent et la mer est rentrée… Le bateau démarre fort et parfois, il plante un peu dans les vagues ». La vigilance est plus que jamais une nécessité. « D’un côté, il faut aller vite pour rester le plus longtemps possible devant la dépression. D’un autre, il ne faut pas tout casser non plus… C’est un juste milieu à trouver en permanence ». Dans une autre vidéo, Jérémie ajoute : « j’essaie de garder des moyennes correctes. Mon but c’est d’avoir un bon rythme mais de tenir la distance ».
Les conditions étaient toujours aussi fortes ce jeudi matin, « même si les températures se rafraîchissent » et qu’il faut composer avec une vingtaine de nœuds de vent. « On a pris un bon train », sourit Jérémie. Le groupe de tête devrait dépasser le Cap de Bonne Espérance ce vendredi. Il est presque certain que le record de l’Atlantique Sud, détenu par Alex Thomson depuis 2016 (8 jours et 15 heures), soit battu. Et Jérémie devrait faire partie de ceux qui seront plus rapides que ce record qui tient depuis huit ans.