En traversant la ligne d’arrivée de la Guyader Bermudes 1000 Race ce jeudi soir à 20h41, Charal signe une 2ème place pleine de promesses dans cette course de reprise. Jérémie Beyou et Franck Cammas ont bouclé le parcours en 4 jours 6 heures et 41 minutes, à seulement 26 minutes du vainqueur. Une performance qui leur permet de valider l’investissement de l’équipe durant le chantier de cet hiver et de montrer la belle complémentarité de leur duo. De quoi envisager l’avenir avec enthousiasme !
Cela n’aura échappé à aucun spécialiste de la course au large ou assidus à la cartographie. Le binôme Jérémie Beyou-Franck Cammas, attendu au tournant pour leur première course de la saison et leur première en étant associés tous les deux, n’ont pas quitté la tête de la course. En tête au premier waypoint « Tout commence en Finistère », situé à près de 200 milles au Sud-Ouest de la pointe bretonne, ils ont réussi à devancer une zone sans vent dans leur remontée vers le Fastnet. Résultat : après un jour de course, l’IMOCA Charal avait déjà distancé l’ensemble de la flotte.
Un bord au parfum de démonstration de force
Commençait alors un sacré mano-à-mano avec For People, skippé par Thomas Ruyant et Morgan Lagravière. Vainqueur des dernières éditions de la Transat Jacques Vabre et de la Route du Rhum, Thomas Ruyant obligeait ainsi Jérémie et Franck à s’employer. Pourtant, les deux hommes n’ont pas montré de baisse de régime, bien au contraire. Au passage du mythique rocher du Fastnet, seulement 2 minutes et 47 secondes les séparaient de leurs rivaux !
La suite est impressionnante : une descente pendant des heures à près de 30 noeuds dans l’Atlantique jusqu’au waypoint « Trophée Région Bretagne » à défier l’entendement. Une démonstration qui illustre que la classe IMOCA a changé de dimension. Des moyennes à couper le souffle et à obliger les deux skippers et le mediaman, Maxime Mergalet, à s’adapter tant bien que mal aux chocs, aux vibrations imposées par cette vitesse. Jérémie et Franck ont profité de ce bord pour prendre les commandes de la course avant de se faire dépasser en contournant le dernier point de passage (le waypoint Gallimard).
L’illustration d’une sacrée progression
Jusqu’au bout, ils se sont évertués à revenir sur les leaders. La victoire s’est jouée dans un mouchoir de poche puisque seulement 26 minutes les séparaient de For People au moment de franchir la ligne. Thomas Ruyant a d’ailleurs déclaré : “ça a été une sacrée bataille face à Jérémie et Franck qui sont deux références. On leur a tenu la dragée haute et eux aussi”.
À l’issue de cette course à haute intensité, les enseignements sont nombreux pour l’ensemble de l’équipe. Cette 4e édition de la Guyader Bermudes 1000 Race souligne avant tout les progrès réalisés depuis la mise à l’eau du bateau, l’an dernier, et la pertinence du chantier particulièrement conséquent qui a été réalisé cet hiver. Elle prouve aussi que le duo Beyou-Cammas, qui n’avait jamais été associé ailleurs que sur la Volvo Ocean Race, fait déjà des étincelles.
Franck, qui disputait sa première course en IMOCA et s’amusait de sa condition de bizuth, a mis à profit les mois de travail auprès du team depuis la construction du bateau. Jérémie, lui, prend toujours un peu plus la mesure de son monocoque. Lui qui a été sur le podium de toutes les courses l’an dernier, dont une 3e place à la Route du Rhum, démontre que sa progression est continue. L’équipe va redoubler d’efforts pour poursuivre sur cette lancée. Bientôt, elle prendra la direction de Cascais, au Portugal, pour s’entraîner. De quoi continuer à progresser et aspirer à la victoire durant les prochaines échéances de la saison.
Les réactions à chaud
Jérémie Beyou : “Il y a un peu de frustration mais ça reste une 2e place et on sait qu’on fera mieux la prochaine fois ! Il y a plein de détails sur lesquels ils (Thomas Ruyant et Morgan Lagravière) ont été un peu mieux que nous. À partir du Fastnet, nous avons eu deux trois pépins techniques qu’on a essayé d’étaler puis ça s’est un peu empiré après la bouée « Trophée Région Bretagne » et ça ne nous a pas aidé. Il s’agit de la première course de la saison et ça laisse augurer une saison intense. Tout au long de la course, ça a été hyper serré et ça rend le jeu passionnant. Si on revient à chaque fois sur des courses qui sont aussi dures et engagées, c’est qu’on y trouve à chaque fois notre compte !“
Franck Cammas : “Être mécontent d’une 2e place, c’est bon signe dans une équipe ! Ça aurait vraiment été dommage de ne pas faire cette course parce qu’elle était hyper intéressante. J’en ai profité pour découvrir pas mal de choses pour mon bizutage d’IMOCA. Ce n’est pas très confortable mais c’est super intéressant. Les bateaux sont assez complexes à régler et il y a toujours des choses à trouver pour avancer plus vite. Jérémie manœuvre comme un chef et a été très bon tout au long de la course. Je pense qu’on commence à bien connaître la machine même si on a appris encore énormément de choses. Ça nous laisse une petite marge de progression !”