Le skipper de Charal retrouvera la compétition à partir de dimanche en prenant le départ à Brest de la Guyader Bermudes 1000 Race. Une course à bord de Charal, bateau optimisé pendant l’hiver avec lequel il a multiplié les navigations pour faire de nouveau corps avec son bateau en solitaire après une longue période d’arrêt.
L’excitation est un drôle de processus. On la sent au fond de soi et, plus l’objectif se rapproche, plus il est palpable, accélérant légèrement les pulsations et attisant l’enthousiasme. C’est ce que ressent Jérémie Beyou cette semaine alors que se rapproche irrémédiablement sa première course de la saison 2022, la première en solitaire depuis le Vendée Globe : la Guyader Bermudes 1000 Race. Mercredi, alors qu’il met le cap sur la ville de départ, Brest, à bord de son monocoque, il est revenu sur ces derniers mois, à l’ombre du hangar puis en mer.
« Retrouver mes marques à bord »
Il y a d’abord eu le chantier de maintenance avec la volonté de peaufiner les détails et d’améliorer encore un peu plus ses capacités. « Nous avons tout démonté, effectué des contrôles sur les pièces, la structure du bateau, les appendices, le mât et toutes les pièces » détaille Jérémie. « Nous avons refait la peinture pour que le bateau soit nickel, changé les pièces d’accastillage, fait des modifications sur les voiles ». Par ailleurs, un travail conséquent a été réalisé pour optimiser le pilote automatique. Ensuite, place à la pratique. Charal a été mis à l’eau dès mars, de quoi permettre de multiplier les navigations.
« On avait vraiment envie de mettre vite à l’eau pour que je puisse retrouver mes marques à bord », explique Jérémie. Et pour cause : après une saison en double, revenir en solo nécessite quelques adaptations… « Au début, on a l’impression que tout est compliqué », s’amuse le skipper. Mais les habitudes reviennent vite et, surtout, le plaisir qui en découle. « C’est une phase que j’adore. On s’applique à bien progresser, on enchaîne les navigations, un stage à Port-La-Forêt et on multiplie les phases de départ, les parcours complets, les manœuvres en tout genre… À la fin de la semaine, tes bras te font bien sentir les heures passées à la manivelle ! »
« On n’aura pas vraiment le temps de se reposer ! »
Ces derniers jours, l’équipe de Charal s’est affairée à préparer le bateau en configuration de course. « Progressivement on monte en régime », ajoute Jérémie qui est arrivé au port de Brest mercredi en fin de journée. « J’aime bien ces moments-là, ça sent la compétition ! » Après des runs de vitesse disputés ce vendredi, la Guyader Bermudes 1000 Race débutera ce dimanche lors d’un départ à 14 heures. Les skippers devront parcourir 1 200 milles avec un ‘way point’ au Fastnet, un autre au large des côtes nord du Portugal avant un retour au point de départ, à Brest.
« C’est vraiment une course hybride, un petit format » décrypte Jérémie. « Il peut y avoir des conditions assez variées en cette période de l’année, les dépressions peuvent encore rentrer, les effets thermiques ne sont pas installés… On n’aura pas vraiment le temps de se reposer ! » Il prédit une course « très serrée » où, en fonction des conditions, « même les bateaux à dérive auront le potentiel pour être devant ». « Ce sera compliqué de faire des gros écarts ».
À l’écouter, un parallèle semble tout trouvé : le parcours ressemble à une étape de la Solitaire du Figaro que Jérémie a remporté à trois reprises (2005, 2011, 2014). « Il va falloir retrouver rapidement ses marques de figariste ! » Et comme à bord des petits monocoques, l’humilité reste toujours de mise. « L’objectif, ce sera surtout de ne pas faire de bêtise, de rester concentré, de naviguer propre et de tirer 100% du potentiel du bateau ». Y parvenir sera, à coup sûr, la meilleure des manières pour se frotter à la lutte en tête de course. Jérémie conclut simplement : « j’ai hâte d’y être ! »