Jérémie Beyou « me battre et tout donner » | Route du Rhum 2022
Le skipper est plus déterminé que jamais à tirer le plein potentiel de Charal 2, un concentré d’innovations qui suscite l’admiration du grand public. Depuis sa mise à l’eau en juillet dernier, l’équipe a eu 100 jours pour s’activer comme jamais afin d’être à la hauteur du challenge. Jérémie se montre particulièrement élogieux à propos de l’engagement et de l’énergie déployés, tout en savourant le plaisir simple de participer à cet événement hors norme.
Ils sont des milliers, de tous les âges et de tous les horizons, à se masser le long des quais de Saint-Malo depuis mardi dernier. La foule joyeuse et enjouée se fait encore un peu plus dense là où est amarré Charal 2. On vient immortaliser l’instant, admirer le bateau, observer, aussi, le premier IMOCA de dernière génération. S’il attire tant les regards, c’est que les attentes des spectateurs à propos du projet de Jérémie Beyou sont aussi conséquentes que le défi initié par l’équipe depuis deux ans maintenant. « Nous sommes très bien accueillis par le public » confie le skipper. « Entre le stand qui plonge les spectateurs dans un univers unique et le bateau, il suffit de tendre l’oreille pour capter l’enthousiasme des gens. Ça fait vraiment plaisir ».
« Ressentir le soutien de toute l’équipe »
À 46 ans, Jérémie Beyou a l’expérience de ces grands rendez-vous mais l’enthousiasme que cela procure est toujours aussi tenace. Il suffit de l’écouter évoquer son arrivée à Saint-Malo pour s’en rendre compte. « Le passage des écluses encadré par des gradins, comme si on entrait dans un stade, c’était magique, tout comme le village illuminé à la tombée de la nuit. D’un coup, on se rend compte de la portée de l’événement ». Le quotidien sur le village est rythmé par des rencontres – partenaires, public, médias, organisateurs – et permet, surtout, de « ressentir le soutien de toute l’équipe, des salariés de Charal et de l’ensemble de nos partenaires ».
Les membres du team se sont démenés sans compter depuis la mise à l’eau du bateau, en juillet dernier, afin d’être le mieux préparé possible. « Il y a eu tellement d’énergie mise dans la préparation technique et sportive, c’est impressionnant » souligne Jérémie. « Par rapport à mes précédentes campagnes, je trouve qu’on a réussi à beaucoup naviguer. Pour aborder une transatlantique qui peut tirer autant sur le bateau que sur l’organisme, c’est très rassurant. »
« On sera content avec du vent fort »
Jusqu’à lundi, les membres de l’équipe se sont activés sur le bateau. Depuis, « il n’y a plus d’intervention majeure ». Le skipper a réalisé un dernier check up du bateau, veillé à vérifier certains points concernant l’électronique et étudié une dernière fois le manuel destiné au système de back-up. Il reste le choix définitif des voiles à effectuer. « Ensuite, il faudra préparer les écoutes et les drisses en fonction de la stratégie et des changements de voile qu’on a prévu ».
S’approcher du Jour-J, c’est aussi avoir un œil constant sur les conditions météorologiques avec un travail d’analyse de plus en plus conséquent. Ce mercredi matin, Jérémie a effectué un point avec Marcel Van Triest, routeur renommé, afin de faire un point sur la situation générale. « Il y a un système dépressionnaire avec une grosse baisse de pression qui va nous intéresser » décrypte le marin. « Est-ce qu’il y aura des dépressions secondaires qui vont s’y loger ? Est-ce que ça va laisser un passage rapide par le sud ? C’est encore trop tôt pour le dire ». Il préfèrerait forcément du vent fort d’autant que « le bateau se comporte bien dans la brise ». Le skipper de Charal le répète : « on serait content avec du vent fort, quelle que soit sa direction ! »
Jérémie Beyou a toujours le même objectif : « aller au bout, passer de l’autre côté », chaque mille permettant en effet de gagner en confiance et en expérience à bord du bateau. Mais le compétiteur qui sommeille en lui n’est jamais très loin. « Ce qui dictera ma conduite du bateau, ce sont les conditions météos, pas le fait qu’il soit jeune, prévient-il. Je n’ai pas envie de me restreindre ou de ne pas utiliser tout le potentiel du bateau. Je resterai à l’écoute de mon IMOCA mais je compte bien me battre et tout faire pour naviguer dans le paquet de tête ». Ambitieux et déterminé, Jérémie savoure aussi simplement le fait d’être concurrent à la plus prestigieuse des transatlantiques. « Je prends beaucoup de plaisir et j’essaie de profiter pour ne pas me mettre trop tôt la pression ». Elle viendra progressivement et l’aidera aussi à Vivre Fort, tout donner, sans compter, dès le ‘top départ’ de dimanche.