Ancien judoka de haut niveau, Alexis Landais est désormais préparateur mental auprès de sportifs qui visent l’excellence, dont Jérémie Beyou. Ce spécialiste de la performance partage son regard sur le skipper de Charal, à qui il a proposé de nouveaux moteurs… Mais lui ne parle pas de préparation mentale avec Jérémie mais plutôt d’approche mentale.
Quel est votre travail avec Jérémie ?
A. L. : Comme tout sportif de haut niveau passionné par son sport, Jérémie est prêt mentalement à vivre ce qu’il va affronter sur l’eau. Mon rôle est de travailler l’approche mentale. Il doit apprendre à d’avantage regarder les situations dans leur ensemble et ne pas bloquer sur un point dans l’optique de conserver son énergie pour l’essentiel, la course.
C’est ce qui différencie un skipper des autres sportifs ?
Alexis Landais : Oui, car contrairement à un footballeur ou un pongiste, Jérémie porte des responsabilités très diverses. Il est entrepreneur, chef de projet, et le sportif est aspiré par toutes ces fonctions. Pourtant, il doit aussi songer à se préparer pour sa course. La clé de mon intervention, c’est de lui rappeler qu’il doit prendre du temps pour lui.
Sur quoi travaille-t-on avec un skipper solitaire ?
A. L. : J’ai accompagné un équipage qui courait la Volvo Ocean Ocean Race, une course qui pousse les humains dans leurs extrêmes. Avec une équipe, le principal est de travailler la qualité de la relation entre les personnes, dans un contexte à très forte pression.
Avec un solitaire, avec Jérémie, une grosse partie du travail est de rappeler qu’il a le droit, et la possibilité, de communiquer pendant qu’il est en mer avec son équipe à terre, non seulement dans la posture du patron qui prend la parole parce que quelque chose ne va pas, mais aussi pour parler de ce qui marche bien.
Est-ce que Jérémie est un communicant ?
A. L. : Oui ! Jérémie est un communicant, et il progresse. C’est important d’emmener les gens dans ton aventure, d’impulser la dynamique qui va permettre d’emmener les autres dans ton rayonnement. Je sais qu’il est sensible à ce point et il l’applique déjà.
Etes-vous satisfait de la trajectoire qu’il a prise depuis que vous le suivez ?
A.L. : Il a évolué en prenant de la hauteur, on va voir partir un skipper avec un niveau de confiance très élevé, qui a bien traversé le buzz de la naissance de son bateau, Charal, et qui a fait en sorte que toute son équipe s’attribue justement ce succès. Jérémie s’est aussi bien positionné dans l’objectif qu’il doit avoir sur cette Route du Rhum : c’est une étape de plus vers le Vendée Globe 2020. S’il fait mieux que ce qui est prévu, ce sera très bien.
Que souhaitez-vous à Jérémie pour cette course ?
A. L. : Jérémie est sans limite. C’est quelque chose qui le lie à tous les sportifs de haut niveau : son degré d’exigence envers lui et les membres de son équipe. Ça doit être rangé de manière impeccable dans l’atelier comme ça doit être parfait sur les foils. Cela ne renvoie pas à de la fragilité, mais à l’envie de performer. Jérémie est un dur au mal, mais il intègre aussi à son fonctionnement le fait qu’on peut faire bien en se faisant du bien. Cela augmente aussi la communication. Donc, si je dois lui fixer une mission sur la Route du Rhum, c’est : « Jérémie, prend du plaisir ! ».