JOUR 3
Nous arrivons en fin de journée près des côtes Irlandaise.
Arkea Paprec est 2 milles devant nous. Ils virent les premiers. Nous choisissons de croiser leur sillage et de prolonger le bord près de la terre. Les falaises Irlandaises découpent les derniers rayons du soleil. Celui-ci laisse place à un ciel couvert d’étoiles, sans nuage, sans lune.
Le vent faibli au fur et à mesure que nous progressons vers l’Ouest, toujours au près. Un dernier virement et nous faisons cap vers le phare du Fastnet. J’arrive à distinguer sa silhouette particulière au fur et à mesure que nous nous en approchons.
Je filme mais ne voit rien sur ma vidéo. Il fait trop sombre. Je change de mode et tente quelques photos en pose longue. Rendu abstrait artistique ou flou râté, à vous de juger du résultat…
J’ai l’impression d’être le seul à profiter de ce moment tellement Jérémie et Christopher sont concentrés sur la trajectoire du bateau.
Le contournement du rocher marquera la fin de 36h de navigation au près.
À peine le DST du Fastnet contourné, Christopher libère le spi de sa chaussette. Alors, le choc régulier de l’étrave gitée face à la mer laisse place aux glissades du bateau à plat, tracté par cette gigantesque bulle de tissu. Nous allons dans le même sens que le vent et la mer.
À notre tour de faire la différence. Plus rapides, nous dépassons Arkea Paprec pendant la nuit. Au lever du jour, nous apercevons leur spi blanc derrière nous. De quoi garder nos deux marins aux aguets.
Je commence à connaître par cœur les jurons lancés à bord à chaque bascule de vent non favorable. Ils ne lâchent rien, n’hésitent pas à dérouler une voile supplémentaire, puis la rouler, descendre un foils, puis le remonter.
Les prévisions météo annoncent une grosse rotation de vent, favorable aux retardataires. Mes oreilles risquent de siffler encore quelques temps…
Gauthier Lebec