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19 Fév

Le chantier d’hiver, à quoi ça sert ?

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Entré à l’atelier fin décembre, l’IMOCA60 Charal fait l’objet depuis de toutes les attentions du Charal Sailing Team. Son skipper Jérémie Beyou explique en quoi consiste ce chantier hivernal, primordial en vue de la suite du programme et particulièrement du Vendée Globe 2020.

Comme chaque hiver, l’atelier lorientais du Charal Sailing Team est le théâtre depuis plusieurs semaines d’une intense activité, l’équipe technique sous la direction de Pierre-François Dargnies s’affairant autour de l’IMOCA60 Charal. Après quatre mois de navigations qui ont permis à Jérémie Beyou de prendre peu à peu le pouls du potentiel « énorme » de son nouveau bolide, mis à l’eau en août dernier, le monocoque argenté, est entré en chantier fin décembre. Un chantier répondant à plusieurs objectifs : « Le but premier est la maintenance, ça veut dire que le bateau est complètement démonté, coque d’un côté, quille, mât, safrans, foils et autres pièces et systèmes de l’autre, pour être contrôlé de fond en comble, explique le skipper. Nous effectuons aussi les petites réparations notées au fur et à mesure de nos navigations qui ne peuvent être faites qu’à l’atelier. L’autre axe principal du chantier concerne les optimisations, destinées à améliorer les performances de Charal. »

Les contrôles du bateau incombent en partie à Manu Le Borgne, expert maritime au parcours nautique très riche (notamment une victoire sur la Transat Jacques Vabre en 2007 avec Michel Desjoyeaux), qui passe une bonne partie de la coque et des pièces en composite aux ultra-sons, les pièces métalliques étant quant à elles testées selon une technique dite de ressuage (*). Ces contrôles ont pour but de déceler les éventuels défauts et usures prématurées, donc de renforcer ou réparer si besoin. « Ce chantier est vraiment fait dans l’objectif du Vendée Globe, on se dit que c’est maintenant que tout ce qui est un peu sensible doit être détecté et fiabilisé, parce que pendant le Vendée Globe, il faut que ça tienne trois mois dans des conditions intenses », poursuit Jérémie. D’autres contrôles sont directement gérés par les fournisseurs, notamment ceux des pièces d’accastillage, démontées et vérifiées par leur fabricant, Karver, en présence d’un technicien du Charal Sailing Team, en l’occurrence Yann Le Breton, expert en la matière. Même chose pour les voiles qui repartent à l’atelier chez North Sails pour être inspectées, réparées et modifiées si besoin.

La seconde grande partie du chantier concerne donc les optimisations sur l’IMOCA60 Charal. Celles-ci donnent lieu en amont à des arbitrages entre le skipper, le directeur technique, Pierre-François Dargnies, et le boat-captain, Ewen Le Clech, qui a intégré l’équipe début décembre. « Le but est de planifier ces optimisations entre celles que nous souhaitons faire en hiver et celles qui seront effectuées lors du second chantier de l’année, en mai-juin », explique Jérémie Beyou. Pour cet hiver, l’accent a été mis 1/ sur l’accastillage dans le cockpit, afin « d’améliorer les trajets de manœuvres et limiter les ragages (**) » -, 2/ sur le système d’énergie, qui avait donné du fil à retordre à Jérémie lors de la Route du Rhum, et 3/ sur l’ergonomie : « La circulation à l’intérieur du bateau n’était pas très fluide, nous avons modifié certaines choses autour de la table à cartes, de la position de repos et de l’organisation du matossage (***) », poursuit le Finistérien. Une ou deux nouvelles voiles de portant seront par ailleurs livrées au moment de la mise à l’eau afin d’être testées dès le printemps. Cette mise à l’eau, prévue mi-mars, donnera en effet le coup d’envoi de deux mois de navigations, dont l’objectif sera de valider tout le travail fait pendant l’hiver par le Charal Sailing Team et les sous-traitants, soit une bonne vingtaine de personnes mobilisées pour permettre à l’IMOCA60 d’aller toujours plus haut…

 

(*) Le ressuage est une technique de contrôle de surface qui permet de déceler les défauts sur tous types de matériaux non poreux.

(**) ragage : usure à force de frottement

(***) matossage : le matossage consiste à déplacer les poids (voiles, matériel, sacs d’habits…) sur et à l’intérieur du bateau pour le rendre le plus plat possible