Cette transatlantique ne ressemble à aucune autre avec un leader qui s’est échappé par le Nord (Charlie Dalin), des poursuivants qui bataillent à 600 milles plus au Sud et un autre groupe un peu plus loin. Cela n’empêche pas Jérémie Beyou, fidèle à son tempérament, de ne jamais rien lâcher. Ce jeudi après-midi à 14 heures, il pointe à la 4e place et peut légitimement viser une place sur le podium.
« Je n’ai jamais vu ça ! » malgré sa grande expérience et les nombreuses courses auxquelles il a pu participer le marin de Charal n’avait jamais connu une situation météo aussi atypique que sur cette course, la New York Vendée – Les Sables d’Olonne. Après un départ relativement calme mercredi 29 mai dernier, des conditions imprévisibles, des orages et des grains lors des premiers jours, Jérémie était positionné aux avant-postes.
» Le scénario est complètement inédit «
Et puis il y a eu un front dépressionnaire qui a barré la route des skippers. L’ensemble des marins s’est retrouvé bloqué sauf deux d’entre eux, Charlie Dalin et Boris Herrmann, qui en ont profité pour vite creuser des écarts. « Le scénario de la course est complétement inédit, c’est très bizarre. Ça s’est joué à cinq milles près qui vont se transformer en 500 milles », décrypte Jérémie. Pour lui, hors de question de baisser les bras. Il faut « se concentrer sur autre chose », « essayer de franchir ce blocage » et « aller vers une porte de sortie ».
Dans cette quête, le skipper de Charal forme avec 3 autres skippers un groupe situé à 600 milles au sud de Charlie Dalin. Parmi les poursuivants, il fait partie de ceux qui impulsent le tempo. Dans ce cadre, les deux jours de portant du weekend, sur une mer relativement plate, ont été particulièrement bénéfiques. « On a pu progresser au portant, sourit Jérémie. Ça m’a permis de me remettre à l’endroit, de prendre soin de moi et de mon bateau »
Le contournement des Açores au programme
« Il y a Sam Goodchild avec qui je suis au contact quasiment depuis le départ, Thomas Ruyant et Sébastien Simon. On se tire bien la bourre ! » Très peu de milles séparent en latéral les quatre bateaux. Jérémie est lui 4e au classement de 14 heures ce jeudi après-midi mais pointe seulement à moins de 11 milles du 2e, Thomas Ruyant !
Après avoir dépassé mardi soir le fameux système qui les bloquait, tous ont commencé le contournement des Açores, définis par la direction de course comme une zone de protection de la biodiversité. « Ce n’était pas une option au départ mais c’est la trajectoire qui s’est imposée, même si ce ne sera pas de tout repos », précise Jérémie. En remontant vers la Vendée, il faudra en effet progresser au près dans des conditions inconfortables.
En somme, il faudra continuer à faire preuve d’abnégation, à s’accrocher et à ne pas relâcher la pression. « La course est encore longue, je n’avais pas prévu ça, reconnaît Jérémie ». Et puis le ‘match dans le match’ entre les outsiders est par essence passionnant et enrichissant. « Ça nous permet de nous comparer en permanence et donc de progresser. Je commence à trouver certains réglages, j’ai vu que le bateau avançait mieux au portant avec les nouveaux foils et puis j’étais devant en début de course, ce n’est que du positif ! » Reste donc à ne pas relâcher la pression et « continuer à naviguer sereinement jusqu’à l’arrivée » pour continuer à faire le plein de confiance avant le Vendée Globe.