Rentré de Salvador de Bahia début décembre, l’IMOCA Charal est depuis au centre des attentions du Charal Sailing Team pour un chantier d’hiver qui, en plus du contrôle de toutes les pièces du bateau, s’articule autour de quatre dossiers tournés vers la performance : foils, ergonomie, voiles et énergie. La mise à l’eau est prévue début avril, le programme sera ensuite dense pour Jérémie Beyou jusqu’au départ du Vendée Globe (le 8 novembre), une course dont il avait pris la troisième place il y a trois ans jour pour jour, le 23 janvier.
Contrôles et optimisations
Rentré dans le hangar du Charal Sailing Team à Lorient le 9 décembre, l’IMOCA Charal est au cœur de toutes les attentions. L’équipe technique l’a entièrement désassemblé pour procéder aux contrôles indispensables des structures en composite et des pièces mécaniques ; ce travail est confié à un expert extérieur, Emmanuel Le Borgne. Le contrôle des systèmes et de l’accastillage est assuré en interne et par les fournisseurs, toujours accompagnés d’un membre du Team. « Cette partie est un peu fastidieuse parce qu’il faut bien prendre le temps de tout analyser. Une fois les contrôles faits, si on aperçoit des signes d’usure, soit on remplace les pièces, soit on les redimensionne », explique Jérémie Beyou.
L’autre grande partie du chantier hivernal est tournée vers la performance avec l’objectif de livrer en avril un Charal encore plus optimisé à son skipper. Quatre dossiers ont été identifiés : les foils, l’ergonomie, les voiles et l’énergie. Pour ce qui est des foils, une nouvelle paire, conçue par le cabinet VPLP, en concertation avec le bureau d’études du Charal Sailing Team, est en cours de construction chez C3 Technologies, près de La Rochelle. Pendant ce temps-là, les puits sont en train d’être changés par Gepeto Composites.
Charal Sailing Team a, pour la première fois, pu se servir d’un simulateur développé par Emirates Team New Zealand. « Cet outil permet de bien reproduire le comportement du bateau, c’est un plus indéniable », commente le skipper de Charal. Qui ajoute, à propos des futurs nouveaux foils : « Les précédents étaient plutôt polyvalents, mais nous avons identifié quelques trous de performances à certaines allures que nous allons essayer de combler. L’objectif est aussi que les nouveaux soient plus adaptés au parcours du Vendée Globe. On reste en revanche sur le même cahier des charges en termes de résistance : on n’oublie pas que les foils, qui supportent des charges extrêmes, doivent faire le tour du monde. »
Pour ce qui est de l’ergonomie, les efforts du bureau d’études et de l’équipe technique se concentrent en bonne partie sur la protection du cockpit, qui sera quasiment fermé (avec un système de caméras développé avec Garmin), mais également sur la configuration du bateau en solitaire, en fonction des modifications souhaitées par Jérémie Beyou : « En débriefant la Transat Jacques Vabre, on s’est dit que tout seul, j’aurais vite été à bout physiquement, parce que le bateau devient rapidement invivable. Quinze jours en double, ça passait, mais en solitaire sur 70-80 jours, je ne pense pas. Donc on a décidé de faire des aménagements sur la position de veille dans le cockpit, mais aussi au niveau de la table à cartes et de la bannette. »
Un important travail a également été mené avec North Sails pour définir le nouveau jeu de voiles qui équipera Charal (doté d’un mât neuf) sur le Vendée Globe. Ces nouvelles voiles seront testées à sa mise à l’eau au printemps.
De son côté, l’équipe a remis à plat tous les systèmes d’énergie, avec l’objectif d’embarquer le moins de gasoil possible et de diversifier les sources d’approvisionnement (éolienne, panneaux solaires, hydro-générateurs…).
Un programme dense en 2020
S’il profite de cette accalmie temporaire « pour régénérer un corps et un esprit qui ont pas mal donné ces derniers temps », Jérémie a prévu de reprendre la préparation physique en février. Il est néanmoins bien occupé en ce début d’année, entre le suivi du chantier et la planification de l’année 2020 dont le sommet sera le Vendée Globe (départ le 8 novembre).
La mise à l’eau de Charal est prévue en avril, ce qui laissera un gros mois à l’équipe pour valider les nombreuses optimisations à Lorient, avant une traversée de l’Atlantique en équipage vers New York (départ mi-mai), qui s’inscrira dans ce processus de test.
Le Finistérien prendra le 16 juin le départ de sa première course de l’année (en solitaire), la New York-Vendée, dont il est le tenant du titre, avant « un chantier d’inspection capital » en juillet qui consistera à démonter et remonter toutes les pièces en vue du Vendée Globe.
La dernière ligne droite de la préparation du tour du monde débutera en août, avec une alternance de navigations avec l’équipe, de tests spécifiques à plusieurs bateaux autour de Lorient, de stages avec le Pôle Finistère Course au large de Port-la-Forêt, sans oublier une ultime répétition sur le Défi Azimut en septembre. « Avec les deux chantiers, il y a moins de possibilités de naviguer que l’année dernière, les journées sur l’eau vont vraiment être comptées, on va tous se rendre compte que le Vendée Globe va très vite arriver », conclut Jérémie, désormais concentré à 100%, comme tout le Charal Sailing Team, vers l’objectif suprême