Pour prétendre à la victoire sur le Vendée Globe, son objectif sur l’édition 2020 qui s’élance le 8 novembre, Jérémie Beyou se prépare physiquement, mentalement, techniquement, il doit également prêter une attention particulière à son alimentation, élément important de la performance. Comment s’organise l’avitaillement ? Quels sont les plats préférés du skipper de Charal ? Comment a-t-il travaillé avec son partenaire ? Eléments de réponse.
Lorsqu’il a quitté Lorient le 15 octobre pour rejoindre les Sables d’Olonne, l’Imoca Charal était en configuration Vendée Globe, tout l’avitaillement de la nourriture ayant été terminé la veille sous la responsabilité de Paméla Fertil. Chargée de la logistique au sein du Charal Sailing Team, cette dernière explique : « Sur ses précédents Vendée Globe, Jérémie s’occupait tout seul de l’avitaillement, cette fois-ci, nous avons mis en place un protocole différent : nous avons d’abord organisé une réunion début septembre, au cours de laquelle il nous a fait part de tous ses souhaits. J’ai commencé les commandes deux semaines plus tard, notamment pour lui laisser le temps de tester en mer de nouveaux produits, puis une fois la totalité réceptionnée, nous avons tout posé à même le sol dans notre hangar fin septembre, pour faire le point de visu sur les quantités et éventuellement ajuster. Je me suis enfin occupée de tout empaqueter, étiqueter, peser et charger dans le bateau pour le 14 octobre. »
Comment se fait l’empaquetage ? « Jérémie n’aime pas les sacs journaliers, donc nous avons quatre grands lots correspondant chacun à un quart du tour du monde, dans lesquels il y a un sac de plats lyophilisés, un sac de snacks salés et de plats Charal stérilisés et un sac de snacks sucrés. Jérémie pioche selon ses envies, tout en sachant bien, afin d’éviter les pertes d’énergie, ce qu’il doit manger chaque jour pour avoir suffisamment de calories, le minimum étant de 3000 calories quotidiennes », poursuit Paméla Fertil. Et quelles que soient les régions traversées, froides, tempérées ou tropicales, les sacs sont identiques : « Jérémie préfère avoir tout à disposition en permanence, il ne veut pas se rajouter de contraintes. »
Interrogé sur le nombre de jours de nourriture embarqués à bord, le skipper de Charal répond : « En fonction des études que nous avons faites et en prenant le haut de la fourchette, nous nous sommes décidés sur 70 jours. » Et si la chasse au poids fait en général partie des priorités des skippers du Vendée Globe, il a fait une exception pour la nourriture : « La contrainte du poids n’est pas si importante. Parce que si tu commences à tout regarder dans le détail, tu trouves que c’est toujours trop lourd et tu commences à enlever des trucs qui, au final, vont te manquer, donc ce n’est pas un critère. »
Ce qui l’est en revanche, c’est le plaisir du skipper, ce que confirme Stéphanie Berard-Gest, directrice marketing de Charal : « Jérémie nous dit souvent qu’il est tellement concentré sur la performance qu’il n’éprouve pas toujours le besoin de manger, donc il faut vraiment être sur un produit qui lui procure du plaisir gustatif pour l’inciter à manger. » Charal lui a dans cette optique concocté spécifiquement six plats stérilisés, riches en protéines, à haute valeur énergétique et faciles à préparer : salade de bœuf, bœuf bourguignon/pommes de terre, hachis parmentier, bœuf teriyaki, boulettes à l’orientale/boulgour et risotto au bœuf.
Les quatre premiers composent même la gamme Charal Sport lancée l’été dernier à l’adresse des pratiquants de sports d’extérieur (voile, trekking, randonné…). « Le stérilisé était une technique que nous ne connaissions pas avant d’accompagner Jérémie. Il nous a challengés là-dessus et en développant cette expertise, nous nous sommes dit que ça faisait sens de développer une gamme courte mais idéale pour ces sports intenses en plein air », confirme Stéphanie Berard-Gest.
Jérémie Beyou embarque ainsi en totalité une cinquantaine de plats Charal, mais aussi des pétales de viande séchée qui, selon Paméla Fertil, « sont ses petits plaisirs avec les olives et les noix. » Et pour les premiers jours de course, il pourra aussi profiter de produits frais : quatre quiches lorraines, une salade composée et un plat de lasagnes pour l’accompagner dans la descente du Golfe de Gascogne, mais également des fruits, notamment des pamplemousses qui se conservent assez longtemps.