Route du Rhum : Jérémie Beyou, un départ motivé et motivant
Jérémie Beyou, fidèle à sa réputation et à son expérience, est bien rentré dans le match dès le départ. Troisième au Cap Fréhel, il s’est employé toute la nuit à conserver ce tempo à haute intensité en contournant les côtes bretonnes et en restant dans le wagon de tête. Désormais, place à la périlleuse descente du Golfe de Gascogne.
Il est habitué et conditionné pour ces moments-là, pour ces phases où le poul s’accélère et la compétition reprend ses droits. Jérémie Beyou sait apprécier ces ambiances de course et il l’a démontré, hier, toute la journée. Après avoir salué une dernière fois le team et ses proches présents à Saint-Malo, direction l’IMOCA Charal avec l’envie farouche d’en découdre.
Un départ bien géré
Direction la ligne de départ et un plan d’eau majestueux avec un ciel dégagé, une lumière exceptionnelle et des conditions clémentes (autour d’une vingtaine de noeuds). En somme, tout était réuni pour un départ historique : jamais autant de bateaux (138) ne s’étaient élancés à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. À bord de Charal 2, Jérémie Beyou se montre attentif à chaque détail, chaque réglage avant de s’élancer. Au ‘top départ’, il parvient à hisser Charal 2 dans le wagon de tête dès les premières secondes.
« Le départ, c’est toujours un moment compliqué et stressant même quand on en a l’habitude », explique Pierre-François Dargnies, le directeur technique de Charal. « Jérémie a su bien gérer, il est parti sereinement et a déroulé la stratégie qu’il avait établi jusqu’au Cap Fréhel ». À 16h17, Jérémie passe donc la fameuse bouée de Fréhel. Il est le 3e skipper IMOCA le plus rapide à cet instant, à dix minutes de Charlie Dalin (APIVIA) et trois minutes de Louis Burton (Bureau Vallée). « C’était le but de pouvoir sortir de cette baie en figurant dans le paquet de tête », souligne Pierre-François Dargnies. Le ton est donc donné et le skipper de Charal n’a pas vraiment relâché la pression pendant la nuit en longeant les côtes bretonnes où « il a dû faire de nombreux changements de bords ».
« Trouver le bon compromis »
Dès minuit, un quatuor s’est dégagé aux côtés de Charlie Dalin (APIVIA), Kévin Escoffier (Holcim-PRB) et Thomas Ruyant (LinkedOut). En somme, Jérémie a réussi un départ et une première nuit canon mais il ne pouvait pas vraiment relâcher la pression. « D’un point de vue stratégique, cette journée de jeudi s’annonçait compliquée », analyse Pierre-François Dargnies. Car après le contournement de la pointe bretonne, la flotte doit s’adapter à ce front d’Ouest et à veiller à la bascule de vent. « Il va falloir tirer des bords jusqu’à l’Ouest du Cap Finistère, ça va zigzaguer encore plusieurs heures afin de trouver le bon compromis ».
La route Sud semble la plus plausible mais elle reste semée d’embuches. Surtout, difficile de savoir où la flotte passera le premier front dans les prochaines heures. « C’est un choix délicat pour tous les skippers, même chez les Ultimes » assure le directeur technique. « Certains tentent de rester à l’Est du front le plus longtemps possible ». Chez Jérémie, il y a sans doute la volonté de rester au près pour le passage de ce front prévu demain dans la journée. Un second front pourrait être à traverser en milieu de journée avant de pouvoir descendre avec davantage de sérénité vers les Açores. La bataille ne fait donc que commencer mais elle redouble déjà d’intensité !