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11 Août

Une très belle 2ème place pour notre duo sur la Rolex Fastnet Race

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JOUR 4

 

Fin de journée, nous nous retrouvons bord à bord avec Arkea Paprec le long des côtes anglaises. Nos deux bateaux se rapprochent lentement, jusqu’à être à moins d’une longueur l’un de l’autre, presque à se toucher. Le duo Sébastien Simon / Yann Elies nous dépasse dans cette confrontation. Nous empannons ensemble pour traverser une nouvelle fois la Manche, cap sur les îles anglo-normandes.

Nous reprenons la tête pendant la nuit. Au lever du jour, nous sommes talonnés par un nouveau bateau : 11th Hour Racing, que nous n’avions pas vu depuis le départ. Les prévisions de Christopher se réalisent : nos concurrents de derrière ne vont faire que nous rattraper…

Jérémie réveille Christopher, il va falloir être deux sur le pont pour faire barrage. De nombreux coups d’oeil sont lancés dans notre sillage pour surveiller la route des concurrents. « Ils chaussettent ! » lance Jérémie. 11th Hour Racing échange son spi contre un J0, une voile plus plate, pour naviguer plus près du vent.

Il faut suivre.

La manœuvre : un peeling de spi à J0. Un peeling ? Oui, le changement d’une voile d’avant par une autre, tout en gardant une des deux en place. L’idée est de constamment garder une voile d’avant efficace. Christopher prépare la manœuvre pendant que Jérémie gère la trajectoire. Au moment de hisser, impossible de hooker la voile (la fixer en haut du mât). Plusieurs essais sont répétés, en vain. La pression monte. « Tu es certain d’avoir bien passé la drisse ?! ». C’est bon, Jérémie relâche la rotation de mât et la voile se hook normalement. La manœuvre se déroule parfaitement.

Charal et 11th Hour à l'approche de la ligne d'arrivéeNous nous approchons d’Aurigny. Cette zone est connue pour avoir les courants les plus forts d’Europe. Dès le passage des premiers rochers, la mer devient hachée par un clapot court et désordonné. La vitesse sur la surface du bateau (BSP: Boat Speed) diverge de plus en plus avec la vitesse sur le fond (SOG: Speed On Ground). Nous entrons les premiers dans la veine de courant, ce qui nous permet de légèrement distancer nos poursuivants.

Après le passage de l’île d’Aurigny, la direction du courant est moins avantageuse et nous pousse vers le nord. C’est improbable, le courant de 6 noeuds est aussi fort que le vent. L’étrave du bateau pointe droit vers la côte, mais notre route sur le fond est quasiment 45° à côté. Nous avançons en crabe.

Une fois la pointe de la Hague passée, le courant nous laisse tranquille. Il va falloir maintenant négocier avec les rafales de vent irrégulières qui descendent des falaises du Cotentin. 11th Hour Racing en touche une forte derrière nous. Je regarde dans notre sillage : leur IMOCA gîte, s’appuie sur son foil et décolle littéralement. Pendant ce temps, nous sommes quasiment arrêtés à 6 noeuds. L’IMOCA concurrent avale les précieux mètres qui nous séparent, durement acquis depuis plusieurs heures de veille par notre duo. Christopher, impuissant, tape de rage dans l’outrigger.

Le bateaux ralenti dans notre sillage. Une vingtaine de mètres nous séparent, parfois plus, parfois moins… Nos deux IMOCA vont accélérer et ralentir au fil des risées mais à aucun moment Jérémie et Christopher ne vont laisser passer 11th Hour Racing, jusqu’à ce que CHARAL franchisse la digue de Cherbourg matérialisant la ligne d’arrivée, 28 secondes devant 11th Hour Racing. Cette seconde place, ils l’auront défendue pendant des jours, pendant des milles, et jusqu’aux derniers mètres, aux dernières secondes. Bravo à eux !

Gauthier Lebec