Après 4 jours en mer, la course a été neutralisée à la porte de l’Islande suite à une forte dépression qui balaie le parcours. Jérémie Beyou a tenu jusqu’au bout et pris la 2e place en franchissant cette porte ce vendredi matin à 6 h 04, à 3 h 43 min et 34 sec du leader, Charlie Dalin. Alors que les modalités de reprise de la course seront officialisées dans la journée, état des lieux d’une première partie de Vendée-Arctique particulièrement éprouvante.
En proposant un tracé Nord-Sud puis Sud-Nord, cette course offre un cocktail détonnant. Et pour cause : les skippers se doivent de traverser des phénomènes météos qui circulent d’Ouest en Est, donc en étant quasiment perpendiculaire à leur trajectoire. Depuis le départ d’ailleurs, la flotte a été gâtée et rien ne s’est vraiment passé comme prévu, comme un rappel que la course au large est avant tout une affaire d’adaptation. Jérémie, lui, a été fidèle à sa réputation en mer en s’accrochant sans compter. « Depuis le début, je n’ai pas lâché grand-chose, confiait-il jeudi. Et je suis toujours à fond. »
« Au petit bonheur la chance »
Après un départ canon, à tutoyer les 30 nœuds et à profiter des sensations offertes par son foiler, il a d’abord fallu traverser une dorsale, une longue zone sans vent, lundi dernier. « On avait déterminé le point d’entrée avec l’équipe », confie alors Jérémie. Comme plusieurs ‘foilers’, il a opté pour l’option la plus Ouest, laissant un tant les partisans de l’Est prendre la tête du classement. Avec humilité, le marin rappelait la difficulté de « savoir où le vent va tourner ». « Dans la molle, c’est au petit bonheur la chance ». Le Breton en a profité pour réaliser quelques travaux sur le bateau, du matelotage ainsi que la réparation de câbles électriques qui s’étaient débranchées en début de course.
Avec une bonne dose de patience, Jérémie a tenu bon. Il raconte la suite : « ça n’a pas été simple de sortir de la dorsale. Après, il y a eu un passage de front puis une petite dépression qui s’est désagrégée devant nous. J’ai plutôt bien navigué pour sortir de la nasse ». Ce jeudi, alors qu’il mettait le cap vers l’Islande, il évoquait « des vent hyper variables » pouvant faire passer la vitesse de son bateau « de 25 nœuds à 10 nœuds en l’espace d’une heure ». Cela ne l’empêche pas de s’affirmer de jour en jour comme le premier poursuivant du leader, Charlie Dalin (APIVIA) avec moins de 80 milles de retard.
« Je n’ai pas lâché grand-chose »
La course a ensuite connu de sacrés rebondissements. La direction de course a en effet décidé d’annuler le contournement de l’Islande et de la remplacer par un ‘way point’ (un point de passage) au Sud-Est de l’île. Mais cela ne résolvait pas tout, comme le rappelait Jérémie : « ma préoccupation, c’est de savoir comment gérer la descente de l’Atlantique. On risque d’avoir 24 heures avec des rafales de 40 nœuds au reaching et ce sera très dur pour nos bateaux ». La direction de course et les organisateurs ont finalement pris la décision, jeudi soir, de neutraliser la course à l’issue du passage de ce ‘way point’.
Le skipper de Charal est le 2e à l’avoir franchi, ce vendredi matin à 6 h 04, à l’issue de 4 jours, 13 heures et 4 minutes de course. Désormais, les skippers sont invités à se protéger, à proximité des côtes. Si la course devrait repartir dès que le plus fort de la dépression sera passé, les modalités de reprises n’ont pas encore été communiquées par la direction de course.