Le skipper a conservé le tempo du groupe de tête tout au long de la fin de semaine. Après avoir bien négocié l’approche du cap de Bonne Espérance, il progresse désormais dans l’océan Indien qui fait partie des redoutées « mers du Sud ». En ligne de mire : une forte dépression que Jérémie devra affronter à partir de mercredi. Il s’y prépare, lui qui pointe à la 5e place à 336 milles du leader ce lundi au pointage de 7 heures.
Elle semble déjà loin ce que Jérémie a appelé « la petite dépression qui nous a propulsés dans l’hémisphère Sud ». Après avoir filé dans l’Atlantique Sud dans du vent soutenu, l’approche du cap de Bonne Espérance a été plus engagée. En fin de semaine, le skipper de Charal décrivait « du vent qui n’était pas régulier et une mer assez hachée ». « Ça rendait difficile le fait de faire avancer les bateaux vite et de façon régulière ». Il n’empêche, Jérémie est resté toujours aussi constant, à proximité du quatuor de tête et au coude-à-coude avec Nicolas Lunven. « Ça fait plusieurs jours qu’on ne se quitte plus », sourit Jérémie.
Après Bonne Espérance, changement d’ambiance
La suite, ça a été un exercice de finesse. Il fallait trouver la bonne combinaison de voile et les réglages adéquats pour rester dans un petit flux de vent afin de « continuer à progresser correctement » d’après Jérémie. Là encore, il est parvenu à conserver la cadence. Le marin a été récompensé de ses efforts en passant dans la nuit de vendredi à samedi le cap de Bonne Espérance. Jérémie boucle ainsi la première partie du parcours – du départ à ce premier cap – en 19 jours, 12 heures et 17 minutes.
Ce passage symbolique marque l’arrivée dans les mers du Sud, réputées pour leur rudesse et leurs conditions particulièrement délicates. Les signes avant-coureurs sont déjà là, comme l’explique Jérémie : « les températures sont bien descendues, on a perdu 4°C en l’espace d’une nuit. On sent qu’on s’éloigne des conditions de portant, du soleil, des alizés et qu’on se rapproche des 40e Rugissants ».
« Je sais qu’il va y avoir pas mal de boulot »
En attendant d’affronter une météo plus virulente, le skipper de Charal a pu bénéficier ce week-end d’un grand soleil. Ce dimanche, il a d’ailleurs profité de conditions plutôt clémentes – une mer agitée malgré une dizaine de nœuds – pour « faire un tour sur le bateau » et vérifier que tout était bien fonctionnel. L’accalmie du moment ne fait pas oublier l’enjeu majeur à venir : une forte dépression qui devrait s’abattre sur la tête de flotte. Les skippers devraient affronter à partir de mercredi des vents forts (35 nœuds, 65 km/h), des rafales à 40-35 nœuds (85 km/h), de la mer formée et peut-être des déferlantes. Pour la première fois, la tête de flotte va être confrontée à des conditions dantesques. Jérémie s’y prépare avec attention : « je réfléchis déjà à la trajectoire à prendre, à la façon de la gérer… Je sais qu’il va y avoir pas mal de boulot ».