Depuis plusieurs jours, le skipper Charal se prépare à affronter ce qu’il a lui-même décrit comme « l’un des phénomènes les plus violents » de ce Vendée Globe. Il s’agit d’une dépression creuse et particulièrement virulente avec 45 nœuds de vent moyen et des rafales à plus de 50 nœuds. Ce lundi matin, le phénomène était particulièrement intense. Jérémie Beyou, qui pointe toujours à la 4e place, a pris le temps d’évoquer ce phénomène météo, sa stratégie et son état d’esprit alors qu’il pourrait franchir la ligne d’arrivée entre mercredi et jeudi prochain.
Tout comprendre sur la dépression. « Il s’agit d’une grosse dépression hivernale. On navigue déjà depuis hier dans son Sud-Est parce que le vent est rentré, autour de 20 à 25 nœuds. À mesure que la dépression avance, elle s’accompagne surtout d’une mer très formée, jusqu’à 10 mètres dans son Ouest. Le plus compliqué à gérer, c’est ce lundi matin, dans le Sud de la dépression, avec des vents moyens à 45 nœuds et des rafales à plus de 50 nœuds. »
L’enjeu pour y faire face. « Le but, c’est de réussir à avancer avec la dépression, sans avancer trop vite pour garder un bon angle. Si tu ralentis trop, la dépression passe devant et tu finis au près à 40 nœuds. Avec une bonne cadence, je peux rester dans son Sud. Ensuite, soit je passe vite et je peux avancer au portant au large du cap Finisterre ; soit elle accélère et je suis obligé de progresser dans du vent fort au près. En fait, il faut à la fois résister au vent fort dans le Sud de la dépression dès maintenant et en même temps limiter au maximum la séquence au près à la fin. »
Un enchaînement compliqué. « Avant d’affronter cette dépression, l’alizé a été capricieux. Ensuite, il y a eu une dorsale qu’on a eu du mal à traverser avec Sam (Goodchild) parce qu’on s’est fait ralentir. Depuis, je m’active surtout pour préparer le bateau à faire face aux conditions extrêmes attendues. La transition a été immédiate : dès qu’on est sortis de la dorsale, le vent est monté à une vingtaine de nœuds, la mer est hachée, le bateau plante… En matière de fatigue, on est tous bien cramés. Il ne va pas falloir faire des bêtises ! »
Une position de leader de groupe. « Le fait d’être en tête du groupe, ça ajoute forcément de la pression. Tu es obligé de faire la route la plus optimale possible : si tu préfères une option plus conservatrice, les autres t’attaquent tout de suite et c’est trop tard pour revenir. Derrière, ils peuvent choisir soit de te suivre, soit d’être plus prudents. Ça met plus de pression ! C’est plus dur d’être devant, c’est usant mais forcément, j’ai envie de rester à cette place ! »
Après la dépression. « Quand on sortira des conditions les plus fortes, on restera sous l’influence de la dépression. La question, c’est de savoir si on est capable de tout faire au portant ou s’il faudra faire du près le long du Portugal. Ensuite, on ne sait pas encore si la dépression entrera dans le golfe de Gascogne ou pas, c’est un peu moins clair. Mais la dépression va déjà pas mal nous occuper ! »